Michelle Bachelet quitte la présidence du Chili sur fond de chute de popularité

Alors que le Chili élit ce dimanche son (sa) nouveau.elle président.e, et que le pays devrait amorcer un large virage conservateur, retour sur les deux mandats de Michelle Bachelet, la candidate sortante socialiste, dont le parcours à la tête du pays se termine sur un taux de popularité en chute libre.
Élue en 2006, Michèle Bachelet est devenue la première femme présidente de son pays. La socialiste fait partie des 38.000 personnes qui ont été torturées par Pinochet. Réélue en 2013, elle ne peut pas se représenter cette année, la loi chilienne interdisant deux mandats consécutifs.
Cette socialiste, pourtant reconduite en 2013 avec un score confortable de 62 % des voix (elle avait terminé son premier mandat, en 2010, avec un taux de popularité de plus de 80 %), termine son parcours à la tête du pays sur fond de déconvenue : elle n’a pas réussi le pari de mener à bien ses réformes, notamment sur celles des retraites et de l’université.
Plusieurs conflits sociaux, mais aussi un scandale de corruption, ont largement entamé sa crédibilité lors de ce second mandat, notamment avec l'affaire Caval.
Le Chili a enregistré en 2016 sa plus faible croissance en sept ans (+1,6 %), freinée par la chute des cours du cuivre. Dans ce pays de 17,9 millions d'habitants, le taux de pauvreté a été divisé par trois depuis 1990 pour s'établir à 11,7 % en 2016 (Banque mondiale). Mais les inégalités restent "très marquées", relevait l'OCDE en 2015 qui constate que "la qualité de l'enseignement est inégale et l'accès aux meilleurs établissements" réservé d'abord "aux enfants de familles aisées".
Michelle Bachelet a effectivement interdit la sélection des étudiants et introduit progressivement la gratuité dans les établissements recevant l'aide de l’État, mais cette réforme n’a pas été assez rapide pour les intéressés, qui ont manifesté à plusieurs reprises.
Une histoire personnelle intimement liée à celle du pays
La présidente sortante termine donc son second mandat sur une chute de popularité spectaculaire : en 2016, un an après la démission de son fils sur fond de trafic d'influence et de financement occulte de la campagne présidentielle, elle tombait même sous la barre des 25 %. Marquant la fin d'un long état de grâce pour cette femme politique d’exception, fille d'un général accusé de trahison et torturé sous la dictature d'Augusto Pinochet.
Son successeur pourrait bien être celui qui lui avait succédé en 2010, le milliardaire chilien Sebastian Piñera. Les deux n'en sont pas à leur première "alternance" : Piñera avait été battu par Michelle Bachelet en 2005, avant de prendre sa suite en 2010 en devenant le premier président de droite post-Pinochet, puis de devoir lui aussi quitter le pouvoir au nom de la règle interdisant d'effectuer deux mandats consécutifs. Laissant ainsi Michelle Bachelet remporter un second mandat.
Pour son retour, l'homme d'affaires est crédité de 34,5 % des intentions de vote, devant le candidat socialiste Alejandro Guillier, porteur de l'héritage un peu lourd de la présidente sortante, et la candidate de la coalition d'extrême-gauche Frente Amplio Beatriz Sanchez. À la fin de son premier mandat, pourtant marqué par les gaffes et un "mélange des genres" très critiqué entre ses affaires financières et son rôle politique, Sebastian Piñera bénéficiait d'un taux de popularité de 50 %, presque deux fois plus que celle de Michelle Bachelet aujourd'hui (30 %). Mais nettement moins que celle de la présidente socialiste à la fin de son premier mandat en 2010 : elle caracolait alors à 84 % d'opinions favorables.