Mieux connaître la pollution des bateaux pour tenter de la réduire

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Mieux connaître la pollution des bateaux pour tenter de la réduire

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Le Fromveur II  à quai à Ouessant
Le Fromveur II à quai à Ouessant
© Radio France - Célia Quilleret

C'est un enjeu majeur : les polluants émis par les navires sont responsables de plus de 50 000 décès par an en Europe. Or cette pollution aux particules fines est mal connue. Des chercheurs de l'école d'ingénieurs Estaca sont allés mesurer ces particules à bord d'un bateau qui relie Brest, Molène et Ouessant.

Le capitaine du "Fromveur II" commence la manœuvre pour sortir du port de Molène, direction Ouessant. Ce bateau de la compagnie Penn Ar Bed a accepté de recevoir à bord une équipe de chercheurs de l'Estaca, école supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile, spécialisée dans les mobilités. 

Sur le pont, Benoît Sagot, responsable de ce projet baptisé Capnav (Caractérisation des émissions de particules fines des navires) financé par l'ADEME, regarde les fumées noires qui se dégagent de la cheminée. Ce bateau navigue en effet grâce à de gros moteurs diesel. Benoît Sagot a donc installé plusieurs appareils pour récupérer et quantifier en temps réel les particules fines émises lors de la traversée. Il est missionné pour mesurer ces émissions polluantes. En parallèle, des équipes de recherche évaluent l’impact des émissions sur la qualité de l’air à bord des navires. Le but est d'identifier des solutions techniques et de nouvelles normes pour réduire les émissions.  

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Benoît Sagot a installé plusieurs instruments pour qualifier et quantifier ces particules fines nocives pour la santé
Benoît Sagot a installé plusieurs instruments pour qualifier et quantifier ces particules fines nocives pour la santé
© Radio France - Célia Quilleret

"On a installé une fourche, à cheval sur la cheminée, pour prélever ces particules, détaille Benoît Sagot "et il y a un système de dilution des particules, certains instruments ont besoin de deux minutes pour scanner et évaluer taille par taille le nombre de particules". Au démarrage, les fumées noires apparaissent très vite, "c'est le moment où on a le maximum de dégagements, explique le chercheur, c'est très visible mais cela ne dure pas".

Des taux d'émissions plus importants pendant les manœuvres

Ce qui est plus préoccupant, ce sont les manœuvres. Délicates, certes, surtout par gros temps, mais très polluantes. "Avec nos mesures, on va voir que les taux d'émission sont plus importants pendant ces manœuvres et moins pendant la navigation", affirme Benoît Sagot. Or l'enjeu est bien de réduire ces niveaux d'émission, surtout près des ports, là où vivent les riverains. Ce protocole de mesure pourra ensuite être utilisé comme une référence dans le domaine du contrôle des émissions en particules fines selon l'école d'ingénieurs Estaca.   

Dans la cabine du Fromveur II on parle moteurs hybrides pour réduire la pollution
Dans la cabine du Fromveur II on parle moteurs hybrides pour réduire la pollution
© Radio France - Célia Quilleret

Des moteurs hybrides pour réduire cette pollution de l'air

Dans la cabine, le directeur technique de la compagnie Penn Ar Bed, Arnaud Le Campion réfléchit d'ailleurs à de nouveaux moteurs, hybrides, avec une propulsion électrique pour réduire ces émissions au moment des manœuvres. "Grâce à ces mesures, on va pouvoir régler les moteurs à la charge optimale et changer de propulsion", se réjouit-il. L'idée serait notamment d'utiliser un moteur hydride, électrique pendant la manœuvre, et classique en vitesse de croisière pour les nouveaux navires. "On ne peut pas polluer dans un parc marin, ajoute-t-il, e_t on sait que cette entrée de Manche est une zone sensible._ Une autre piste est de placer des additifs dans le gazole pour limiter les émissions polluantes.

Les responsables de la compagnie Penn Ar Bed réfléchissent à des moteurs capables de moins polluer ces îles du Ponant situées en plein parc marin de la mer d'Iroise
Les responsables de la compagnie Penn Ar Bed réfléchissent à des moteurs capables de moins polluer ces îles du Ponant situées en plein parc marin de la mer d'Iroise
© Radio France - Célia Quilleret

La compagnie Penn Ar Bed espère que ces nouveaux navires, moins polluants, seront opérationnels d'ici deux ou trois ans. Leur choix est déterminant, pour trente années de rotations entre Brest et les îles du Ponant. Quant au projet de recherche Capnav, les résultats sont attendus d'ici un an. Les chercheurs ont également prévu de mesurer au printemps prochain les émissions d'un ferry de la compagnie Brittany Ferries. Un bateau propulsé au gaz naturel liquéfié.