Migrants en Méditerranée : à bord du Colibri, les Pilotes Volontaires font leur part
Par Margot Delpierre
Une association française créée en janvier 2018 par deux pilotes organise des survols de la Méditerranée pour repérer les embarcations en détresse et les signaler aux autorités, qui déclenchent les secours. Une cinquantaine de missions ont déjà eu lieu, permettant de sauver environ 4.000 personnes.
Benoit Micolon, 35 ans et plus de 6.000 heures de vol au compteur, n'avait jamais pensé faire de l'humanitaire. Mais ce pilote de ligne a immédiatement fait confiance à un autre pilote et ami, José Benavente, lorsqu'il lui a proposé de cofonder en janvier dernier l'association Pilotes Volontaires, dont la mission est de survoler la Méditerranée à la recherche d'embarcations en détresse.
Elles sont signalées aux autorités qui peuvent ensuite déclencher les secours. Depuis, Benoit Micolon passe ses week-ends et ses vacances au-dessus de la Méditerranée.
"On n'imagine pas tant qu'on n'a pas été sur place et qu'on n'a pas vu ce que moi je vois, ces gens sur le point de couler, dans un état de détresse incroyable", raconte Benoit Micolon. "Au début c'est un petit point blanc parce qu'on voit le sillage du bateau si le moteur fonctionne encore, on se rapproche, on se rend compte que c'est une embarcation, que dedans il y a des gens. Ça donne une autre dimension. C'est choquant".

À bord du Colibri, petit avion de tourisme quatre places avec un seul moteur, le pilote vole huit heures par jour, parfois neuf, à basse altitude, seul, depuis que le dernier navire humanitaire l'Aquarius a perdu son pavillon. Il a de plus en plus affaire aux autorités libyennes à qui il fait ses signalements. Mais selon Benoit, elles ne sont pas toujours réactives.
"Si les secours ne répondent pas, on est livrés à nous-mêmes__, doit trouver des solutions, des bateaux qu'on estime capables de procéder aux secours. On doit les guider nous-mêmes", s'étonne le pilote de ligne.
"Jusqu'à présent on a repéré un peu plus de quarante bateaux, et d'après mes informations tout le monde a été secouru", ce qui représente environ 4.000 personnes. "On n'a pas encore eu le cas où on a repéré une embarcation qui n'a pas été secourue et où les gens ont disparu. Malheureusement, ça pourrait arriver un jour".
Les deux fondateurs de l'association ont acheté l'avion avec leurs économies. Benoit Micolon ne pouvant assurer tous les vols, quatre autres pilotes sont formés, de nouveaux le seront bientôt. L'association compte actuellement une dizaine de bénévoles.
Pour continuer, ils ont besoin de dons. Chaque mission coûte entre 1.000 et 1.500 euros par jour. Les survols reprendront mi-novembre après la révision de l'avion_. "C'est pas un sprint, c'est un marathon. Le problème en Méditerranée n'est pas près de s'arrêter. Il faut qu'on soit présent à long terme"_, résume Benoit Micolon.