MOBILITÉ - Pourquoi une grande partie des Français reste dépendante de la voiture ?

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MOBILITÉ - Pourquoi une grande partie des Français reste dépendante de la voiture ?

Pourquoi la voiture est-elle toujours aussi indispensable aujourd'hui en France ?
Pourquoi la voiture est-elle toujours aussi indispensable aujourd'hui en France ?
© Getty - Jung Getty

Dans "La Terre au carré", trois spécialistes des questions de mobilités sont venus dresser l'état de nos déplacements quotidiens. Ils rappellent que si la voiture reste le moyen de transport le plus utilisé en France, cela s'explique par une dépendance structurelle déjà ancienne qui repose sur l'aménagement terrirorial

En 2020, le ministère de la Transition écologique, révélait déjà que le transport intérieur de voyageurs était largement dominé par le transport individuel en véhicules particuliers (80,6 % des voyageurs-kilomètres), quand les transports ferroviaires eux ne représentent seulement que 11,5 % des voyageurs-kilomètres. C'est ce qu'ont commencé par rappeler, au micro de Mathieu Vidard, les urbanistes Frédéric Héran et Marie Huyghe, ainsi que le chercheur sur la transition énergétique dans les transports Aurélien Bigo, avant de rappeler les différentes raisons qui expliquent que, en dépit du développement important des mobilités vertes alternatives, la voiture continue d'être le moyen de transport le plus utilisé dans notre pays. 

Une dépendance structurelle à la voiture 

Les trois chercheurs considèrent que ce rapport très fort à la voiture est en premier lieu alimenté par une politique d'aménagement ancienne construite principalement et depuis longtemps autour de la voiture. Aujourd'hui elle traduit plus que jamais d'importantes fractures économiques et sociales liées aux déplacements

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Environ un tiers des ménages n'ont vraiment pas d'autre solution que d'utiliser la voiture

- Frédéric Héran

Seules les politiques d'aménagements du territoire sont en mesure de consacrer une plus grande sobriété des mobilités, en prenant en compte les vulnérabilités économiques et sociales qui se posent lorsqu'on habite un territoire où tout est loin, mal desservi, et où la voiture est presque devenue inévitable. 

En fonction de la zone où on se trouve, l'augmentation des distances présente tout un tas d'inconvénients et de répercussions économiques. Et si l'augmentation du prix du pétrole actuelle peut inciter les usagers à changer leurs comportements et leur type de mobilité, encore faut-il qu'ils puissent se le permettre. La chercheure en urbanisme considère que "pour changer les comportements, il faut d'abord que les mobilités alternatives à la voiture soient réellement compétitives avec elle. C'est tout un ensemble de leviers qu'il faudrait combiner ensemble pour limiter l'utilisation de la voiture, mais ce n'est pas si simple que cela".

Aujourd'hui, cette dépendance à la voiture est d'autant plus fragilisante en période d'inflation des prix du pétrole, qu'une grande partie de la population se retrouve plus vulnérable et sans autre mobilité alternative pour se rendre sur leur lieu de travail. C'est pourquoi Aurélien Bigo considère que "la transition énergétique dépend aussi du temps que va prendre la recherche d'alternatives viables pour les ménages les plus vulnérables, dépendants socialement et économiquement de la voiture. Il faut, dit-il, que l'ensemble des politiques publiques et des politiques de mobilité donnent suffisamment de possibilités pour sortir de cette dépendance à la voiture, de la dépendance au pétrole en préconisant aussi une autre politique d'aménagement du territoire".

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