"Moi président" j'encouragerai la création d'emploi via l’entrepreunariat numérique
Par Julie GuesdonFlorent président aimerait faciliter l'entrepreunariat. Lui-même devenu entrepreneur sur le tard, il dirige aujourd'hui un studio de création interactive.
"Moi président", ce sont 3 000 propositions originales de lecteurs et auditeurs de France Inter et de l’Obs pour la présidentielle. Nous en avons sélectionné une vingtaine dont celle de Florent Maurin.
Cet ancien journaliste de 36 ans a créé The Pixel Hunt, un studio de production de newsgames et de récits interactifs ludiques à Paris. Pour “Moi, président”, il souhaite que “toutes celles et tous ceux qui sont capables de formuler un projet de création d’entreprise dans le numérique devraient pouvoir exiger les moyens de concrétiser ce projet dans de bonnes conditions, avec des fonds, de l’écoute, des conseils”.
Son objectif : repenser notre projet de société, abolir la vision négative de l’échec et inciter la population à faire preuve, à nouveau, d’imagination et de créativité.
Sa proposition
“Il n’y a pas besoin de diplômes pour créer une entreprise,” explique Florent Maurin quand il développe sa vision de entrepreneuriat, mais seulement de gens pour nous dire “oui, c’est possible”. Lui qui, à partir de rien, emploie désormais une personne et fait travailler une dizaine de travailleurs indépendants, veut croire en un autre modèle que l’ubérisation de la société. Sa vision, c’est celle d’une société où les travailleurs n’ont plus peur de créer, “de sortir des sentiers battus”, afin de relancer l’emploi.
Mais dans un monde où le CDI reste un idéal professionnel, Florent a découvert qu’il ne savait rien de la création d’entreprises, ni des aides et dispositifs qui existent pour ceux qui souhaitent se lancer.
Poussé par la conviction que le métier qu’il désirait faire “n’existait pas encore”, le fondateur de The Pixel Hunt s’est heurté aux pré-requis en matière de rentabilité pour financer son projet, y compris au sein des incubateurs d’entreprises. Des pépinières qui, en réalité, sont autant de “barrières à l’entrée quand on n’est issu ni d’école de commerce, ni d’école d’ingénieur”.
Son histoire
Élevé par des parents fonctionnaires, avec pour modèle privilégié le CDI, Florent Maurin est sorti en 2002 de l'École supérieure de journalisme (ESJ) de Lille avec l'envie de mettre les mains dans la machine numérique. Chez Bayard presse, qu'il rejoint dès son diplôme obtenu, notre entrepreneur demande, au bout de quelques années, à rejoindre l'équipe chargée "d'inventer l'offre jeunesse du groupe sur le web".
Cependant, dans un groupe déjà installé, innover dans le numérique suppose d'avoir une certaine assurance quant aux retours sur investissement. Difficile alors de se diriger vers des "propositions audacieuses" ou "nouvelles". "En 2007-2008, les dirigeants avaient envie de moderniser leur proposition éditoriale mais ils n'avaient pas vraiment d'idée de ce qui pourrait marcher, éditorialement, mais surtout économiquement" se remémore Florent.
Conséquence : la stratégie a évolué très souvent, sans véritable retours sur ce qui avait été mis en place. Une période où Florent Maurin dit avoir "beaucoup souffert", "même si nous avons testé des dizaines de formats numériques jeunesse très stimulants".
Florent se pose alors la question du métier qu'il souhaite réellement exercer. Et réalise que celui-ci n'existe pas encore, qu'il a tout à créer. Lorsqu'il lance The Pixel Hunt, c'est parce qu'à Bayard, personne n'est prêt à investir dans son idée - un studio de production de "jeux d'informations", des jeux vidéos destinés à informer les jeunes lecteurs - sans savoir si cela va marcher.
Mais Florent Maurin se retrouve alors "entrepreneur malgré [lui]" : il n'a aucune piste sur la manière de procéder mais trouve heureusement de l'aide et des conseils auprès de deux de ses amis, eux-aussi journalistes, qui ont "défriché le terrain" quelques années avant en créant leur propre entreprise, WeDoData, une agence de visualisation de l'information.
Florent Maurin doit aussi la réussite de son entreprise à un autre bienfaiteur : l'État français. Avec le dispositif réservé aux demandeurs d'emploi qui créent ou reprennent une entreprise, l'ACCRE, Florent a pu conserver la totalité de ses indemnités chômage, versées par Pôle emploi, tandis que les premiers bénéfices réalisés par son entreprise lui permettait d'en assurer la survie, en constituant notamment sa trésorerie.
Deux aides : l'expérience de ses amis et l'État, "meilleur business angel du pays" que Florent Maurin estime utile à chaque personne qui souhaite, comme lui, créer et développer l'activité numérique en France. Et cela, sans conditions d'âge ou de cotisation préalable.