Mondial au Qatar : comment les appels au boycott n'ont pas résisté à l'épopée des Bleus

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Mondial au Qatar : comment les appels au boycott n'ont pas résisté à l'épopée des Bleus

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24 millions de téléspectateurs se sont réunis devant TF1 pour la finale
24 millions de téléspectateurs se sont réunis devant TF1 pour la finale
© AFP - JEAN CATUFFE / DPPI VIA

TF1 signe un record historique avec 24 millions de téléspectateurs réunis devant la finale France-Argentine ce dimanche. Une audience symptomatique d'un Mondial pas du tout boycotté par les Français.

Vingt-quatre millions de téléspectateurs étaient devant TF1 ce dimanche pour la finale France-Argentine en Coupe du Monde de football : un record, d'après la chaine. Pendant les tirs au but, près d'un Français sur deux était devant la télévision, selon Médiamétrie. Qu'il semble loin, le temps des appels au boycott, relayés au début de la compétition ! En moyenne, les huit matchs des Bleus, ont été regardés par 16,2 millions de téléspectateurs.

De l'appel au boycott...

Pourtant, avant que ne débute la compétition, de nombreuses voix s'étaient élevées en France pour appeler au boycott de ce Mondial au Qatar, dénonçant les conditions de travail des ouvriers sur les chantiers, le bilan écologique de l'événement, ou encore le non-respect des droits humains au sein de la monarchie gazière. Parmi elles, Eric Cantona, l'ancien footballeur devenu comédien, qui déclarait au Daily Mail dans un entretien publié le 12 janvier que "personnellement [il] ne la regarderai pas". Idem pour l'acteur Vincent Lindon, sur le plateau de "C à Vous".

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Par ailleurs, plusieurs villes, comme Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, Lille ou Toulouse décident de ne pas diffuser de matchs sur grand écran. Selon un sondage BVA paru deux jours avant la Coupe du monde, 42% des Français et 23% des amateurs de foot assurent qu'ils boycotteraient la compétition.

... à l'appel du terrain

Mais au fil des matches, la mobilisation s'émousse . Les Bleus n'ont finalement aucun geste symbolique sur la pelouse, le capitaine Hugo Lloris expliquant préférer "rester dans son cadre", à la veille du premier match des Français. Les brassards One Love, censés revendiquer l'inclusion et la diversité, sont finalement abandonnés par les équipes européennes, menacées de sanctions par la FIFA.

Par ailleurs, plusieurs personnalités de gauche assument de regarder le match. "Aujourd’hui, je ne rate pas un match des Bleus, évidemment", dit l'Insoumis François Ruffin dans le magazine So Foot, le 18 novembre, expliquant qu'il n'est "pas très convaincu" par l'idée de boycotter le visionnage du Mondial.

Le premier match des Bleus face à l'Australie réunit 12,5 millions de personnes devant la télé. Le match le moins suivi a été celui contre la Tunisie, avec 8,8 millions de personnes seulement : mais la France est alors déjà qualifiée pour les huitièmes de finale.

"Personne ne peut être indifférent à la liesse populaire"

Ainsi, les appels au boycott peinent à prendre, et plusieurs fans de foot se sentent esseulés. Antonio, interrogé par France Inter, témoigne : "Je n’ai pas regardé les premiers matchs. J’ai eu la sensation d'un grand mouvement, comme si j’allais à une manifestation avec des centaines de milliers de gens, mais je me suis aperçu que l’on était bien seul, qu’il n’y avait plus personne pour boycotter. Pour moi, cela n’avait plus de sens. Il y avait un sentiment de solitude et d’incompréhension. J’ai cédé à mon plaisir", explique-t-il.

Les promesses sont d'autant plus difficiles à respecter que l'enjeu devient de plus en plus grand. Avant la demi-finale contre le Maroc, Yannick Jadot d'EELV et Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, insistent sur la nécessité d'un boycott diplomatique plutôt que de la part des spectateurs. Ils demandent en vain à Emmanuel Macron de renoncer à se rendre au Qatar afin de ne pas "apporter sa caution politique". Peine perdue.

Après la qualification des Bleus en finale, difficile alors pour les politiques de ne pas soutenir la France publiquement. Ainsi, Marine Tondelier, la nouvelle patronne d'EELV, affirme dans un même Tweet ne pas regarder les matches et supporter les Bleus.

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"Notre position c'était le boycott diplomatique, pas la culpabilisation individuelle des personnes qui regardent le foot, et qui sont très nombreuses. Personne ne peut être indifférent à la liesse populaire qu’on a vue dans les rues et qui fait plaisir à voir alors qu’il y a des souffrances incroyables dans notre pays", a aussi dit Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI, sur Public Sénat, au lendemain de la victoire face au Maroc. C'est donc le gouvernement, pas les téléspectateurs, que son groupe parlementaire interpelle, en portant des T-shirt aux noms des ouvriers morts sur les chantiers qataris.

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Près d'un Français sur deux devant la séance de tirs au but

Ultime épreuve pour ceux qui auront tenu leur bonne résolution jusqu'à la finale : résister à la tentation d'un match au scénario complément fou face à l'Argentine. Un match mythique sur le papier, qui a tenu ses promesses, avec six buts et une séance de tirs au but insoutenable. Le comédien Yvan Le Bolloc'h explique par exemple qu'il a finalement craqué et allumé la télévision après le deuxième but d'égalisation de Mbappé.

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Ainsi, ce dimanche pour la finale, jamais il n'y avait jamais eu autant de monde pour regarder un événement sur une même chaîne dans l'histoire de la télé hexagonale. Vint-quatre millions de téléspectateurs ont assisté à la joie de Messi et à la déception de Mbappé. Huit téléspectateurs sur 10 (81%) étaient devant TF1, selon Médiamétrie. Avec même deux pics à 29 millions à 18h53 puis au moment de la séance de tirs aux buts, soit près d'un Français sur deux.

Un "effet hiver" et une mesure d'audience un peu différente

France-Argentine a donc dépassé les scores d'audiences précédents. Pour la finale France-Croatie de 2018, TF1 avait réuni 19,3 millions de téléspectateurs à la télé, 500.000 sur la plateforme MyTF1. Mais on peut expliquer ce bon score par un changement de méthodologie depuis deux ans. Désormais, il existe une mesure de l'audience "hors domicile".

Cette catégorie, qui comptabilisait déjà les téléspectateurs en train de regarder une émission chez des amis ou sur des écrans internet hors de chez eux, prend désormais aussi en compte l'audience réalisée dans les bars, les hôtels, les résidences secondaires, etc. Cela n'était pas le cas pour les précédentes Coupes du monde de football. Selon Médiamétrie, l'ensemble du "hors domicile" a représenté dimanche 6 millions de téléspectateurs, soit 24% de l'audience totale de la finale, diffusée gratuitement sur TF1.

Interrogé par l'AFP, l'analyste Philippe Bailly, du cabinet NPA Conseil, estime par ailleurs que le fait que ce Mondial ait exceptionnellement eu lieu en hiver a "plutôt boosté les audiences" puisque les températures ont incité les téléspectateurs à rester chez eux.