Mort d'une patiente à Lariboisière : l'enquête interne pointe le manque de moyens d'urgences surchargées

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Mort d'une patiente à Lariboisière : l'enquête interne pointe le manque de moyens d'urgences surchargées

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Que s'est-il passé dans la nuit du 17 au 18 décembre aux urgences de Lariboisière ?
Que s'est-il passé dans la nuit du 17 au 18 décembre aux urgences de Lariboisière ?
© AFP - Thomas SAMSON

Que s'est il passé dans la nuit du 17 au 18 décembre dernier aux urgences de l'Hôpital Lariboisière à Paris ? Une patiente est morte après être restée 12 heures sans être vue. L'enquête interne parle d'un service qui n'a pas les moyens d'assumer convenablement ses missions.

Le 17 décembre dernier, une patiente de 55 ans qui souffre de migraine et de fièvre est amenée par les pompiers aux urgences de l'hôpital Lariboisière à 18h45. Son décès sera constaté le lendemain vers 6 heures. 

Que s'est-il passé pendant tout ce temps ? Un rapport a été confié avant les vacances de Noël à deux chefs de services de l'Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP), le professeur Dominique Pateron, chef du service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine, et le docteur Pierre Charestan, chef du service des urgences de l'Hôpital d'Aulnay-sous-Bois. Leur rapport n'accable pas les personnels en place ce soir là. Il pointe surtout des dysfonctionnements liés au manque d'espace et à la surcharge de travail dans ce service réputé le plus fréquenté de la capitale.

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Le rapport précise d'abord le déroulé de la soirée 

Ce jour-là, la patiente a été vue deux fois par l'infirmière d'accueil et d'orientation, à 19 heures, puis 21 heures. Elle est alors classée en "niveau 3" de priorité sur une échelle de 5. On la laisse ensuite en zone d'attente. À minuit, un aide soignant l'appelle mais avec une identité mal enregistrée, qui comporte une faute d'orthographe. Pas de réponse. On considère alors que la patiente est partie, et vers une heure du matin, on l'enregistre comme sortante. C'est 5 heures plus tard, seulement, qu'un autre aide soignant la découvre inanimée.
Dominique Pateron, chef des urgences de l'Hôpital Saint-Antoine, a dirigé l'enquête interne explique :

Elle n'a pas été bien surveillée. Une surveillance, c'est des passages réguliers par des personnels soignants et ces passages n'ont pas pu avoir lieu. La charge ce soir là était tellement importante que le travail ne pouvait pas être fait correctement. 

Si le rapport pointe des dysfonctionnements réels de prise en charge, il n'accable pas du tout les équipes, qui étaient au complet ce soir là. En fait, le rapport dresse surtout le constat d'un manque d'espace et de moyens dans des urgences réputées surchargées (230 passages par jour en moyenne, avec des pointes parfois à 340 passages) où les personnels gèrent, en plus du médical, beaucoup de problèmes de précarité...
Pour Pierre Charestan, chef des urgences de l'Hôpital d'Aulnay-sous-Bois, deuxième auteur du rapport : 

Depuis que je suis étudiant en médecine, les urgences de Lariboisière font peur, elles sont énormes et les personnels travaillent dans des conditions extrêmement difficiles.  

Sans surprise, parmi les recommandations du rapport, l'augmentation des effectifs : au moins trois à quatre postes supplémentaires pour s'aligner sur la moyenne des hôpitaux de Paris. À Lariboisiere, le délai de prise en charge est de 4h30, une heure de plus que dans les autres hôpitaux de l'APHP.