Mr WaynZ, célèbre streameur jeux vidéo, devant la justice pour tentative de meurtre
Par Charlotte Piret
Le streamer de jeux vidéo sur Twitch et YouTube Yannick N., alias Mr WaynZ, est jugé par la cour d’assises de Paris pour tentative de meurtre et viols sur d'anciennes compagnes.
Ce 20 janvier 2019, Claudina est en couple depuis trois mois avec Mr WaynZ, streameur de jeux vidéo, "gentil et plein d'humour", sur sa chaîne Youtube qui compte plus de 200.000 abonnés. C'est d'ailleurs sur une plateforme de jeux en ligne qu'ils se sont rencontrés. À son amie d'enfance, Claudina confie être flattée qu'un streameur de sa notoriété s'intéresse à elle. Quatre ans plus tard, Mr WaynZ comparaît pour viols et tentative de meurtre devant la cour d'assises de Paris, sur quatre de ses anciennes compagnes.
Il tente d'étouffer sa copine
Car ce 20 janvier 2019, Claudina doit probablement sa survie aux policiers qui patrouillaient ce matin-là dans le 19e arrondissement de Paris. La jeune femme hurle au balcon du cinquième étage, à 18 mètres de hauteur : "Au secours, aidez-moi". Avant d'être tirée à l'intérieur de l'appartement. Les policiers interviennent. Dans l'appartement, ils découvrent Claudina "le visage congestionné, des traces de strangulation visible au niveau du cou". Sur un meuble : un grand couteau de cuisine. Aux enquêteurs, la jeune femme raconte une scène de violence "de plus d'une heure trente".
Une dispute, tout d'abord, sur fond de jalousie. Claudina veut alors partir, mais Yannick N. la bloque, la ceinture, une main sur sa bouche et son nez avant de ramasser un sac plastique noir en disant que ce "serait plus pratique pour l'étouffer". Toujours selon le récit détaillé de la jeune femme, Yannick N. la fait alors basculer sur le lit, tente encore de l'étouffer. Claudina se sent "partir", puise dans l'expérience acquise pendant quatre ans de natation pour tenir "mais c'était plusieurs fois limite". Jusqu'à ce que les coups redoublés des policiers à la porte de l'appartement contraignent Yannick N. à la relâcher. Dans l'appartement également, les enquêteurs retrouvent le téléphone portable de Yannick N. La veille, il a recherché sur Internet : "Étouffer avec un sac plastique."
Accusé de viol envers la mère de son enfant
Mais au cours de l'enquête, trois anciennes compagnes vont être entendues. Toutes vont plus ou moins raconter les mêmes choses, dans les mêmes termes, comme Isabelle, mère de leur fils de neuf ans. Sept ans de vie commune, une relation débutée alors qu'ils ont 16 et 17 ans. Dès la première année, Isabelle raconte s'être vu imposer une sodomie alors qu'elle était totalement ivre, incapable de consentir ni de réagir. Puis des fellations alors qu'elle n'aime pas ça. Mais lui est au contraire très demandeur, dit-elle. Alors il la force : "Prends le biberon et avale".
Isabelle tombe enceinte quelques années après, et les coups deviennent réguliers. Elle le quitte, il revient, la viole de nouveau alors qu'elle est enceinte de sept mois. Elle fuit encore. Il la rappelle pour lui annoncer qu'il a tué sa chienne, raconte-t-elle encore, et l'a jetée dans une poubelle.
Des excès de colère
En 2015, Yannick N. rencontre Fanny, elle aussi via une plateforme de jeux vidéo. "Dès qu'on lui dit quelque chose qu'il n'aime pas, il utilise la violence", indique la jeune femme. Qui raconte à son tour : ce coup-de-poing qui l'a laissée inconsciente pendant vingt minutes, ces coups de pied et "la tête qui cognait contre le vélo d'appartement", les scènes d'étranglement ou d'étouffement, plaquée sur le lit par ses genoux, les demandes incessantes de rapports sexuels et, en cas de refus, les viols. "Tout prétexte était bon, une serviette mal rangée, une vaisselle pas faite. Elle vivait dans la peur permanente", écrit la juge d'instruction dans son ordonnance de mise en accusation, au point de dormir avec un couteau. Elle tente de partir à plusieurs reprises et finit, elle aussi, séquestrée pendant plusieurs heures. Jusqu'à une dispute violente pendant laquelle elle lui met un coup de couteau dans l'avant-bras. Tous deux sont alors jugés et condamnés pour violences réciproques à quatre mois de prison avec sursis.
Mr WaynZ dénonce un complot
Enfin, il y a Marine*, 17 ans quand Yannick N. en a 29. Ils se rencontrent lors de la "Paris Game Week". Ils se fréquentent pendant quelques semaines. Puis ils se revoient plusieurs mois plus tard, dans son appartement. Là, Yannick N. la contraint à une fellation, lui maintient la tête tout en commentant : "C'est bien d'avoir une abonnée plan cul !"
Pour toutes encore, cette insistance pour qu'elles travaillent, gagnent de l'argent. Argent dont manque cruellement Yannick N. qui passe le plus clair de son temps à jouer à des jeux vidéo en ligne, sans que cela ne lui rapporte guère, dans un appartement sale et sous le coup d'une procédure d'expulsion. Yannick N., lui, dément globalement les faits, explique qu'ayant lui-même été victime de viol dans son enfance, il ne pouvait être un violeur. Il crie au complot de ses ex-compagnes.
*prénom modifié