"My Lady" avec Emma Thompson : qu'en disent les critiques du "Masque & la Plume" ?
"My Lady" : le film de Richard Eyre avec les formidables Emma Thompson et Stanley Tucci. C'est l'adaptation libre d’un roman de Ian McEwan, "L’intérêt de l’enfant", qui fait référence à la loi de 1989 selon laquelle "l’intérêt de l’enfant doit être la première considération de la cour de justice".
Le film résumé par Jérôme Garcin
Jack (interprété par Stanley Tucci) est le mari fatigué pour ne pas dire exaspéré de Fiona (Emma Thompson), juge impériale de la Haute Cour à qui on donne respectueusement du « My Lady », et dont la vie est toute entière occupée par son boulot et les jugements qu’elle prononce. Tellement exaspéré, Jack, qu’il annonce à sa femme qu’il va la tromper. En apparence, la juge ne bronche pas. Et se consacre encore davantage à son métier et plus particulièrement au cas d’un ado dont les jours sont comptés s’il ne reçoit pas en urgence une transfusion sanguine. Or, ses parents, des témoins de Jéhovah refusent qu’on donne à leur fils le sang d’un autre. La juge Fiona doit statuer. Le film sur un couple en crise devient alors un mélo où la vie d’un garçon est en jeu.
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Charlotte Lipinska : "un très beau portrait de femme"
Malheureusement, la dernière partie plus mélo ne tient pas la route et est très lourde… Néanmoins, la majeure partie du film dresse un très beau portrait de femme et essaie d'ausculter la manière dont les événements de la sphère intime et personnelle vont finalement influer sur des décisions professionnelles qui sont par ailleurs des décisions publiques voire politiques.
Fiona est juge aux affaires familiales, et elle-même traversant une situation compliquée avec son époux, voit ces affaires avec un filtre un peu différent... On voit comment de petites failles se creusent et vont, non pas altérer son jugement, mais être prises en compte. En cela, je trouve le film vraiment fin et intelligent.
Xavier Leherpeur : "un film qui est à la hauteur du livre" de Ian McEwan
J'avais lu le bouquin, je le retrouve dans la première heure où effectivement cette mécanique de la justice de l'intime est très fidèle. On sent la femme qui maîtrise tout, qui est en retenue sur tout, elle a un assistant qui lui apporte le thé avec les petits gâteaux... Le livre était comme ça : la froideur du jugement, une froideur qui lui est intimé par la gravité de ce gamin qui pourrait mourir s'il n'a pas sa transfusion.
Malheureusement, Ian McEwan a choisi pour la dernière partie de tomber un peu dans les travers du mélo consensuel, du mélo guimauve ; il est moins convaincant, c'est très clair. Mais pendant une heure, on a vraiment un film qui est à la hauteur du livre et qui vraiment restitue ce portrait complexe d'une femme qui a à traiter des choses éminemment difficiles et qui en même temps doit le faire. Cette idée du "devoir", du devoir conjugal aussi puisqu'il en est question, de la tenue de la famille, ça fonctionne extrêmement bien
Michel Ciment : "pendant 1h30 on est scotchés"
Au début, on a des premières séquences remarquables sur la vie d'un couple qui se défait... Et ensuite, cette femme se passionne pour la vie de ce jeune garçon qu'elle n'a pas eu (c'est peut-être aussi l'une des raisons pour laquelle son couple bat de l'aile)
C'est la qualité anglaise : c'est mieux que Le cercle littéraire de Guernesey dont on a parlé il y a un mois mais il y a cette qualité extraordinaire des comédiens et de l'écriture. Ce n'est pas du grand cinéma, ça n'apporte pas grand chose, mais pendant 1h30 on est scotchés parce qu'on voit une très grande actrice dans un très beau sujet.
Nicolas Schaller : "Richard Eyre ne tient pas son film jusqu'au bout"
Je suis très impressionné par Stanley Tucci que je trouve exceptionnel mais j'ai des petites réserves sur Emma Thompson à la fin. Le film, vraiment, sombre... et c'est là qu'on voit que Richard Eyre n'est pas un homme de cinéma mais plutôt un homme de théâtre : il ne tient pas son film jusqu'au bout.
J'ai été aussi passionné par ce qu'on voit du quotidien d'un juge et ces bureaux qui donnent directement sur la cour. On dirait une coulisse de théâtre : en quelques pas, on doit être en représentation et tenir son rôle.
La question de la morale, de la justice, la sphère religieuse aussi... Il y a plein de sujets passionnants et malheureusement Richard Eyre prend le couloir le plus réducteur sur la fin.
Ecoutez
Ecoutez l'ensemble des critiques échangées sur le film autour de Jérôme Garcin sur le plateau du Masque et la Plume :
"My Lady" de Richard Eyre : les critiques du Masque & la Plume
7 min
Aller plus loin
ECOUTER | Chaque dimanche à 20h, retrouvez les critiques du Masque et la Plume réunis autour de Jérôme Garcin pour parler cinéma, théâtre ou littérature.
LIRE | Le livre de Ian McEvan, The Children Act ou L'intérêt de l'enfant en français.