Naturisme : six bonnes raisons de s'y mettre

Qu'apporte le fait de se dénuder, et de vivre dans la nature ? Pourquoi faut-il s'y mettre ? De quoi faut-il se méfier ? … Des pratiquants et des spécialistes ont répondu aux questions de Thomas Chauvineau.
Bien-être, mais aussi remise en question du jeu social… Béatrice Billot, présidente de la Région Ile-de-France pour la Fédération Française de Naturisme, Sophie Masselin et Yvan Laurent, naturistes, et Sylvain Villaret, historien qui travaille sur les thèmes du naturisme et de la nudité étaient au micro de "Grand bien vous fasse" pour donner des éléments pour se convertir, ou pas, au naturisme
Un retour à la nature et à soi
On a tous eu l'occasion d'expérimenter l'effet apaisant, et relaxant de vivre plus proche de la nature. Sophie Masselin témoigne : "Le naturisme est un moyen de se "réharmoniser" avec la nature. C'est un retour à l'essentiel. C'est une décontraction physique, et un retour vers soi. Lorsque je vais à l'Île du Levant en quelques heures, je me sens mieux, plus légère, et plus libre, tout simplement. Je reviens à des choses simples et à une relation avec moi-même beaucoup moins compliquée.
C'est une manière de simplifier ma manière de penser, et de simplifier ma vie. Je n'ai pas à penser à ce que je vais porter. Tout se simplifie !"
Un retour au naturel
Béatrice Billot ajoute :
"Naturellement, l'homme aime être nu. L'habillement est une question d'éducation.
Prenez un enfant de quatre ou cinq ans, vous verrez comme il se débat quand vous le sortez du bain pour l'habiller…"
Pour Yvan Laurent, aussi, c'est naturel : "Dès que c'est possible, la nudité est pour moi la tenue la plus naturelle qui soit. Maintenant, porter un vêtement est presque incongru à partir du moment où ce n'est pas nécessaire : quand je suis dans un endroit où je peux me le permettre, que je suis seul, ou en famille. Et puis, à partir du moment où la température le permet !"
Se déshabiller : une autre façon de se mettre à nu
Yvan Laurent poursuit. Il insiste sur l'analogie entre se mettre nu et se mettre à nu : "Être nu, est un peu se mettre à nu dans les deux sens du terme. On dit souvent qu'on s'est mis à nu lorsqu'on a confié des choses très intimes et qu'on a été vrai, sincère, véritable. Se déshabiller est un peu la même démarche. On le voit très bien en groupe.
Quand on est nus ensemble, il y a cet effacement de la barrière sociale, de ce qu'on peut afficher à travers un vêtement. Cette authenticité, existe dans l'humilité de notre corps tel qu'il est. C'est un retour à soi qui est beaucoup plus profond qu'on ne peut l'imaginer avant de l'avoir pratiqué."
Une autre relation aux autres
Les naturistes témoignent. Se déshabiller a changé leur façon d'être en présence d'autrui. Sophie Masselin dit qu'elle "ne regarde plus les autres de la même façon, et n'accorde plus d'importance à leur apparence".
Yvan Laurent ajoute qu'il est "tenté de dire que le naturisme est le respect de soi et des autres. C'est écrit d'ailleurs dans la charte du naturisme. Chez les naturistes, il y a quelque chose de plus authentique qui se met en place."
Pour Beatrice Billot, la nudité banalisée entraîne un regard qui enlève la pression.
Elle perçoit : "un respect des corps. Le regard posé sur l'autre est plus neutre, et même bienveillant. Ce sont des propos qui reviennent souvent dans la bouche des naturistes".
Une remise en question du jeu social
Pour les naturistes, la pratique revêt un aspect politique. Pour Sophie Masselin : "Le naturisme remet en cause les règles du jeu et la façon dont on accepte nos corps dans la vie quotidienne. C'est pour cela qu'il dérange. Avec la nudité, on abandonne deux choses. On oublie le culte du beau. On montre nos corps tels qu'ils sont. On ne cache rien et on ne cherche pas à embellir les choses. On est nous-mêmes.
Et cela va à l'encontre de ce qu'on cultive, même malgré nous, très régulièrement au quotidien.
Dans notre société, l'injonction est plutôt : "sois beau, bronzé, grand, musclé. Et si tu n'es pas tout ça, ne le montre pas, on n'a pas envie de le voir".
Une pratique qui a du sens
Sylvain Villaret a constaté dans cette pratique, l'importance de la question du sens : "Cette façon de se mettre à nu permet de retrouver du sens grâce au contact avec la nature. Elle permet de créer une relation irremplaçable avec un milieu dont on se sent coupé. Les gens ne se reconnaissent plus dans une société qui se déploie avec ses complications, et les angoisses apportées par les crises ou les pandémies."
La question du nudisme libertin
Tout n'est pas totalement rose au pays des naturistes. Yvan Laurent met en garde : "Il existe une sorte de nudisme libertin pas très éloigné des lieux naturistes. Cela crée des confusions. Des personnes qui seraient tentées par le naturisme risquent d'être déçues si elles se retrouvent sur des plages où se côtoient naturisme familial, et naturisme beaucoup plus sexuel derrière la dune. Une pratique moins appropriée aux personnes qui rechercheraient ce dont on parle."
ECOUTER | Grand bien vous fasse sur le naturisme
Aller plus loin
LIRE | Avant d'être tout nu, le naturisme est une philosophie de la nature qui date du XVIIIe siècle
ECOUTER | Tous nus et tous bronzés : les nouvelles pratiques du naturisme, dans Le Téléphone sonne
ECOUTER | Naturisme : en voyage, mais sans vêtements, dans Burne out
ECOUTER | "Tout nus et tout bronzés" : est-ce que c’est ça, la liberté ? dans Le Débat de midi
ECOUTER |Tous nus et tous bronzés : les nouvelles pratiques du naturisme, dans Le Téléphone sonne
LIRE | Le naturisme se vit aussi bitume à l'air par Julien Baldacchino
ECOUTER | Chassez le naturisme ? dans Le Nouveau rendez-vous