Neuf ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima : retour à la normale vers un avenir radieux ?
Par Giv AnquetilRetour sur le neuvième anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima – suite au tremblement de terre et au tsunami du 11 mars 2011. Aujourd'hui, à Fukushima, les autorités encouragent le retour des réfugiés, sans trop de succès.
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Les travaux de décontamination dureront plus de 40 ans mais autour de la centrale, la zone d’exclusion ne fait « plus que » 341 km², et les routes et villages autrefois condamnés sont rouverts les uns après les autres par les autorités - soucieuses d’un retour à la normale.
Sauf que des villages comme Iitate à une cinquantaine de kilomètres de la centrale restent encore désespérément vides.
Comment y vit-ont ? La sociologue Cécile Asanuma-Brice, chercheuse au CNRS retourne dans la zone tous les mois depuis neuf ans. Ito-san parcourt la région avec compteur Geiger et dosimètre en bandoulière. Car dès que l’on s’éloigne des grands axes, l’avenir paraît soudain moins radieux.
Episode 1 : radioactivité, retour à l'anormal
5 min
Pour aller plus loin :
Episode 2 : vivre avec la radioactivité
Les autorités parlent de retour à la normale, et les habitants doivent s’habituer à vivre avec la radioactivité. Il ne reste plus que deux villages interdits d’accès dans les 340 km² encore trop radioactifs. On annonce la réouverture prochaine de gares dans des poches décontaminées à l’intérieur de ces zones, mais elles seront entièrement automatisées, pour éviter l’irradiation des agents.
Et la flamme olympique partira à la fin du mois du J village, à une vingtaine de kilomètres de la centrale, et passera même juste à côté – mais selon un parcours chronométré pour éviter une trop grande exposition.
Partout on veut faire passer le message que la page est tournée : "Oubliez les radiations, et pensez à l’avenir radieux des JO".
Sauf qu’aux rares réfugiés (pas plus de 20%) retournés vivre dans les zones réouvertes, c’est autre chose qu’on demande : apprendre à vivre avec les radiations, au quotidien.
S’habituer à vivre avec un détecteur de radioactivité. Voilà pourquoi la société Tepco, responsable de la centrale, parle maintenant de « revitalisation » de la zone plutôt que de retour : c’est parce qu’il a bien fallu admettre que les habitants d’origine n’y retourneraient pas.
Episode 2 : vivre avec la radioactivité
6 min
Episode 3 : Fukushima neuf ans après, impossible de tourner la page
11 mars 2020, 9 ans jour pour jour de la catastrophe de Fukushima. Et si le pays a su se remettre du tremblement de terre magnitude 9.1 et du tsunami qui ont causé près de 20 000 morts, la zone qui entoure la centrale nucléaire est une plaie qui est loin d’être fermée.
La radioactivité est toujours là et les habitants évacués ne reviennent eux toujours pas. Plus de 44 000 réfugiés manquent toujours à l’appel même si. Malgré les radiations qui seront là pour durer, les autorités veulent à tout prix utiliser les JO de cet été comme une occasion de tourner la page sur ce regrettable incident. Et c’est un peu le message que veut faire passer la société Tepco, responsable de la centrale qui a ouvert voilà quelques mois à Tomyoka, à 10km de la centrale, un tout nouveau centre d’information, musée interactif situé pour raconter sa version de l’histoire. Et forcément, leur version de l’histoire est un peu biaisée.
Pas plus de 20% des habitants évacués sont retournés vivre près de la centrale, et presqu’exclusivement des personnes âgées comme Mme Kimiko. 9 ans après, on est encore loin de la revitalisation de Fukushima.
Episode 3 : Fukushima neuf ans après, impossible de tourner la page
6 min
Episode 4 : mères de Fukushima
Neuf ans après le tremblement de terre, la catastrophe nucléaire n’est pas terminée. Beaucoup ne se contentent pas des injonctions au retour à la normale, devant l’anormalité de la vie quotidienne autour de Fukushima - rythmée par les mesures de radioactivité et les zones interdites. Et même en dehors de ce périmètre, de nombreuses associations essentiellement portées par des femmes et des mères de familles, agissent au quotidien pour plus de transparence.
Par exemple les MamaBecq, avec un « Becq » come Becquerel, qui inspectent les cours d’écoles avec leurs compteurs Geiger. Ou encore l’association Happy island qui organise des dépistages gratuit du cancer de la thyroïde chez les enfants. Drôle de nom que Happy island, mais vous savez comme ça se dit «île joyeuse » en japonais ? « Fukushima ».
Episode 4 : mères de Fukushima
7 min