Ni infirmière ni assistante sociale en pleine rentrée "Covid" : le ras-le-bol d'un collège de Saint-Denis

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Ni infirmière ni assistante sociale en pleine rentrée "Covid" : le ras-le-bol d'un collège de Saint-Denis

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Une classe au collège de Jastres à Aubenas. (Photo d'illustration)
Une classe au collège de Jastres à Aubenas. (Photo d'illustration)
© Radio France - Claire Leys

Quand un collège n'a ni infirmière, ni assistante sociale en cette rentrée marquée par la crise de la Covid-19. Ça se passe en Seine-Saint-Denis, au collège Elsa Triolet de Saint-Denis, qui accueille plus de 500 élèves. Les parents et enseignants sont appelés à manifester.

Au collège Elsa Triolet, la prise en charge médicale et sociale des élèves ressemble un peu aux murs ocres du bâtiment : elle s'effrite. En cette rentrée placée sous le signe du COVID, deux postes d'infirmier(ère) et un poste d'assistant(e) social(e) sont vacants. "C'est simple, nous n'avons pas de pôle médico-social en cette période si particulière" se désole Inaki Echaniz, représentant des personnels du collège et membre du syndicat SNES FSU : "Il y a les petits bobos du quotidien. Mais en ce moment avec le Covid, on a des élèves qui peuvent être malades, présenter des symptômes : nous ne sommes ni médecins, ni infirmiers, nous n'avons pas de formation. Ce n'est pas notre travail de savoir si un élève a une angine, un rhume ou le Covid. Nous ne sommes plus accompagnés et nous ne pouvons pas apporter aux élèves et à leurs familles l'aide dont ils ont besoin et qu'ils auraient s'ils habitaient ailleurs".   

L'une des grandes absentes en cette rentrée, c'est Candy, infirmière durant sept ans au collège Elsa Triolet. Mutée dans les Hauts-de-Seine,  elle n'a pas encore été remplacée. "Ça me touche beaucoup. J'ai l'impression que ces enfants sont maltraités... mais aussi le personnel"__. "Quand il n'y a pas de médecin scolaire, nous les infirmiers sommes les garants des protocoles et des procédures. Nous faisons remonter les informations et orientons les gens". Savoir son ancien collège, classé éducation prioritaire, dans une telle situation, la révolte : "C'est malheureux mais c'était prévisible, quand on connaît les problèmes de recrutement et d'anticipation, aussi". "La Seine-Saint-Denis et Saint-Denis ont été impactés fortement par le Covid", ajoute-t-elle. "On a quand même eu des familles touchées, qui ont perdu des proches ou qui ont été malades. Ça vient se rajouter à une situation sanitaire et sociale déjà très compliquée sur ce territoire. Souvent l'infirmière et l'assistante sociale sont la voie d'entrée vers les soins ou le social. Que ce soit pour diriger les élèves vers un médecin, pour identifier des problèmes de faim... ou de vue ! Hors épidémie, les besoins de ces enfants sont des besoins primaires". 

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Les parents inquiets

Le quotidien dans son nouvel établissement est bien différent : "Ici c'est surtout du psy. De l'angoisse liée aux besoins de performance ou au Covid". En son absence, en l'absence également de l'assistante sociale, tout ce travail repose désormais sur les professeurs et les CPE. "Nous le faisons du mieux que nous le pouvons pour nos élèves mais ce n'est pas pérenne", alerte Inaki Echaniz.   

A la sortie du collège, quand des adolescentes disent ne pas comprendre cette situation, certains parents s'inquiètent. Mauaouia Kefi a un fils de 12 ans scolarisé au collège Elsa Triolet, en cinquième. Représentant des parents d'élèves, il se dit préoccupé. "Mon fils est en bonne santé mais s'il y a un cas de Covid ou si un de ses camarades se trouve mal... On pourrait perdre du temps, tout ça parce qu'il n'y a pas d'équipe spécialisée. C'est un délaissement". Il manifestera la semaine prochaine, mardi, à 17h30 devant la mairie de Saint-Denis. "J'ai entendu parler de l'arrivée d'une infirmière en novembre mais il faut rester mobilisés... Et il n'y a pas que ce collège qui est concerné dans la ville, d'autres établissements sont dans la même situation".