Nicolas Hulot sur sa démission : "Je ne l'ai pas fait d'une manière très protocolaire, j'en suis navré"
Par Camille Crosnier, Xavier Demagny, Mathieu Vidard
Depuis sa démission, Nicolas Hulot n'a plus jamais parlé à Édouard Philippe. Le Premier ministre a "probablement été blessé" par sa démission, raconte sur France Inter l'ancien ministre de l'Écologie, président d'honneur de la Fondation pour la Nature et l'Homme.
C'était il y a deux ans. Le 24 août 2018, Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, démissionnait, en direct, lors de son interview dans la matinale de France Inter. Mais depuis sa sortie du studio, l'ex-ministre n'a "jamais eu le Premier ministre", a-t-il confié jeudi, invité de La Terre au carré. "À ce moment-là, je n'ai eu personne du gouvernement. Mon téléphone était rouge vif, c'était plutôt des proches, des amis, mon cabinet, ma femme, ma fille... Mais je n'ai jamais eu le Premier ministre depuis", témoigne-t-il. "On ne s'est malheureusement pas parlé... Mais on n'est pas fâchés", estime Nicolas Hulot.
"L'explication que j'ai donnée à l'antenne avait le mérite d'être très claire", se souvient le militant écologiste. Mais Édouard Philippe "a été probablement blessé", reconnaît Nicolas Hulot. "Ce que je comprends : je ne l'ai pas fait d'une manière très protocolaire et j'en suis navré", poursuit-il au sujet de sa démission.
En revanche, il dit avoir gardé un contact "plus ou moins régulier avec le président Macron". "Quand on s'est vus brièvement à l’Élysée avant mon départ définitif, il y avait une forme de tristesse de part et d'autre."
"J'ai été aux manettes, mais je n'avais pas de manettes"
"Je ne vais pas faire semblant d'être optimiste... Mais c'est trop tard pour être pessimiste", dit l'ancien ministre qui a publié en mai "Le temps est venu", 100 principes et cinq propositions pour "sortir de la crise par le haut et préparer la société au monde qui vient, en multipliant les solidarités et en mettant fin à certains principes de l'économie de marché".
Très critiqué sur cette initiative, Nicolas Hulot explique avoir été "blessé" par ces attaques. "J'ai mis en lumière des attentes qui s'étaient exprimées pendant le confinement, j'ai essayé de leur donner un écho pour qu'on se retrouve sur une matrice d'où l'on pouvait décliner des politiques concrètes." Mais "moi je fais ce que je peux, je ne suis pas Président, pas Premier ministre, cela fait 30 ans que j'agis", poursuit-il.
"C'est important de se rassembler sur des valeurs, une vision. Mais quand quelques petits faux intellectuels parisiens, qui n'ont que ça à foutre, n'ont jamais rien fait pour l'écologie et la planète, viennent vous abaisser et vous humilier, oui ça fait mal."
"J'ai été aux manettes, mais je n'avais pas de manettes", ajoute Nicolas Hulot, aujourd'hui président d'honneur de la Fondation pour la Nature et l'Homme. Quant à une candidature à la présidentielle de 2022, il estime ne pas avoir "les capacités" pour. Mais "il faut que le citoyen acte la complexité de l'action politique, ce n'est jamais si simple que ça. J'avais des 'anti-tout' qui convergeaient vers moi. Il y a une urgence démocratique (...) et si on n'associe pas les citoyens à la mutation de demain, on n'y arrivera pas. Elle ne pourra pas se faire dans cette défiance très dangereuse entre le citoyen et les politiques", conclut-il.