Nomination surprise, prise de guerre, société civile : qui sont les nouveaux visages du gouvernement ?
Par Noémie Lair
Sept nouveaux visages, peu connus du grand public, entrent au gouvernement d'Élisabeth Borne. À cela s'ajoute une surprise : la nomination de l'historien Pap Ndiaye, et une prise de guerre : l'ex-LR Damien Abad.
Les 17 ministres, six ministres délégués et quatre secrétaires d'État du gouvernement d'Élisabeth Borne sont désormais connus. La présentation a eu lieu ce vendredi après-midi. Parmi ces ministres, certains sont peu connus du grand public.
La nomination la plus symbolique
La nomination de Pap Ndiaye à l'Éducation nationale n'était pas attendue. Et la ligne promet d'être radicalement différente de celle de son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer. Ce professeur des universités est spécialiste des minorités et des discriminations raciales. Frère de la prix Goncourt Marie Ndiay, il travaille sur ces questions depuis longtemps, notamment au sein du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran). En 2020, il estimait sur France Inter qu'il y a en France "une attitude de déni sur les violences policières".
L'extrême droite n'a pas attendu pour réagir à sa nomination, à commencer par les candidats défaits lors de la présidentielle Marine Le Pen et Éric Zemmour, qui y voient un nouveau signe de la "déconstruction" de la France.
La (seule) prise de guerre
L'ex-président des Républicains à l'Assemblée nationale Damien Abad est nommé ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées. Son entrée au gouvernement n'est pas une surprise. Il était sondé ces derniers jours par des proches d'Emmanuel Macron et subissait dans le même temps la pression de son propre camp, sommé de clarifier sa situation.
Pas une surprise mais une belle prise de guerre pour la majorité présidentielle. Et la seule du nouveau gouvernement. En 2017, Édouard Philippe avait ratissé large à droite comme à gauche. En 2022, malgré les ralliements des derniers mois, Élisabeth Borne table davantage sur la reconduction d'anciens membres du gouvernement et la nomination de nouvelles personnalités de la société civile.
Les nouveaux visages
Parmi les nouveaux visages qui entrent au gouvernement, certains étaient dans les coulisses du pouvoir depuis plusieurs années et sortent de l'ombre. C'est le cas de Rima Abdul Malak, qui devient ministre de la Culture. En nommant cette passionnée des arts vivants à ce poste, Élisabeth Borne choisit une proche d'Emmanuel Macron. Elle était jusqu'ici sa conseillère culture et communication.
La nouvelle ministre de l'Europe et des Affaires Étrangères, Catherine Colonna, est aussi un visage peu connu du grand public. Et pourtant, cette diplomate travaille depuis 1995 au service de la France. Elle a été porte-parole de la Présidence de la République française puis ministre déléguée aux Affaires européennes sous Jacques Chirac. Elle était jusqu'à sa nomination au gouvernement ambassadrice de France à Londres. L'eurodéputée Chrysoula Zacharopoulou fait aussi son entrée au gouvernement, en tant que secrétaire d'État au Développement, à la Francophonie et aux Partenariats internationaux. Cette Franco-grecque, née à Sparte dans le Péloponnèse, est gynécologue de formation et s'était fait remarquer par son combat pour faire connaître l'endométriose. La députée de Guadeloupe Justine Bénin est elle nommée secrétaire d'État à la Mer.
Pour former son gouvernement, Élisabeth Borne a aussi pioché dans le monde professionnel et universitaire pour trouver des spécialistes dans leur domaine. La magistrate Isabelle Rome, engagée pour la défense des femmes battues et les droits des détenus, devient ainsi ministre déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances. Une autre magistrate, Charlotte Caubel, obtient le poste de secrétaire d'État à l'Enfance. Enfin, la physicienne et présidente de l'Université Paris-Saclay Sylvie Retailleau est nommée ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.