Non, il n'y a pas de fraude dans le scrutin américain, selon l'OSCE
Par Bertrand GallicherL’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe a envoyé une délégation d’observateurs aux États-Unis. Leur coordinateur assure que l’élection du 3 novembre a été efficace et bien gérée.
Si Donald Trump comptait sur les observateurs de l’OSCE pour l’aider à contester le dépouillement des bulletins de vote, c’est raté. Même s’ils sont venus moins nombreux qu’en 2016 pour cause de restrictions liées au Covid, une trentaine d’observateurs aidés par quinze experts et du personnel local ont surveillé le scrutin et regardent le comptage des voix. Leur verdict est sans appel : les allégations de fraude avancées par Donald Trump sont infondées.
Une critique directe de Donald Trump
En tant qu’organe de dialogue entre occidentaux et anciens pays du bloc de l’est, l’OSCE prend rarement des positions tranchées sur des sujets polémiques. La déclaration du chef des observateurs aux États-Unis chargés de suivre la présidentielle américaine Michael Georg Link -critiquant les allégations de fraude- fait donc sensation. "La campagne électorale a été caractérisée par des divisions profondes qui ont parfois fait obstacle au débat politique et a inclus des allégations infondées de fraudes systématiques", peut-on lire dans le rapport de l’OSCE qui poursuit :
"Ces déclarations par un président candidat à sa réélection sapent la confiance du public dans les institutions étatiques"
L’organisation pointe aussi un risque accru de violence politique après les élections.
"Abus de pouvoir flagrant"
"Ce qui est vraiment troublant, c'est que le chef d'État américain a demandé la fin du décompte au milieu de l'apparat présidentiel de la Maison Blanche, c'est-à-dire avec tous les insignes du pouvoir autour, en raison de sa prétendue victoire. C'était un abus de pouvoir flagrant", a dénoncé le député allemand Michael Georg Link, coordinateur des observateurs internationaux chargés de suivre ce scrutin, dans une interview au quotidien allemand Stuttgarter Zeitung.
Le modèle des démocraties occidentales en jeu
Pour Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, la question dépasse la seule image des États-Unis sur la scène internationale. En réalité, l’OSCE mesure les répercussions qu’aurait une crise institutionnelle à Washington.
"Un contentieux électoral aux USA risquerait de faire un effet catastrophique sur le jeu politique mondial et au moins jusqu’à la prise de fonction en janvier prochain. Ce serait à ce moment-là une crise institutionnelle qui rejaillirait sur les relations internationales et cela personne n’en veut, sauf peut-être des ennemis jurés des États-Unis qui y trouveraient une sorte de revanche", analyse Bertrand Badie.
Selon lui, cette intervention montre aussi que les langues se délient après le scrutin, dans une Europe qui a difficilement géré sa relation avec les États-Unis de Donald Trump. D’où aussi l’absence de soutien de l’OSCE dans la tentative du camp Trump de contester les résultats.