"Nous devons être traités comme les autres régions de France", affirme le président de la Région Guadeloupe
Par La rédaction numérique de France InterDes renforts de forces de l'ordre vont arriver ce dimanche en Guadeloupe où des violences ont lieu depuis plusieurs jours. Pour le président du conseil régional, Ary Chalus, plus que des renforts, il faut de l'écoute et de la concertation. Les violences sont selon lui le résultat d'inaction politique depuis 40 ans.
La Guadeloupe est en proie à des émeutes et des pillages depuis plusieurs jours. La contestation de l'obligation vaccinale des soignants dégénère en blocages et en violences. Dans la nuit de vendredi à samedi, des policiers et gendarmes ont été visés par des tirs, faisant un blessé léger, malgré le couvre-feu imposé à partir de vendredi soir. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et le ministre chargé des Outre-mer, Sébastien Lecornu ont annoncé l'envoi de renforts de policiers et de gendarmes, notamment des unités du GIGN et du Raid. Ary Chalus, le président du conseil régional de la Guadeloupe, était l'invité du journal de 13 heures de France Inter.
FRANCE INTER : Les mesures annoncées par Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu vont-elles dans le bon sens ?
Ary Chalus : "Ce n'est pas la réponse que l'on attendait au départ. Il faut effectivement assurer la sécurité de la population, des biens et des personnes mais nous attendions qu'on nous fasse des propositions pour trouver des solutions ensemble, des solutions d'apaisement, des solutions pour régler ce conflit. Il n'est pas seulement dû à l'obligation vaccinale. C'est aussi à cause de ce que nous vivons depuis plus de 40 ans, des choses qui n'ont jamais été réglées, notamment le problème du chlordécone, du chômage, du retard sur le développement économique, de la formation. Il faudrait aujourd'hui que le gouvernement se penche sur les problèmes de la Guadeloupe. Il faudrait qu'on puisse associer les experts guadeloupéens, qui sont les meilleurs sur le terrain, qui connaissent les problématiques de la Guadeloupe. J'attendais d'abord qu'on nous parle des difficultés qu'on rencontre, de l'attente des pompiers, des soignants, qui font un travail considérable depuis le début de cette pandémie. Comment comprendre qu'aujourd'hui on puisse sanctionner des pères et mères de famille qui ont des enfants qui font des études, des difficultés financières à 8.000 kilomètres de l'hexagone ? Ce n'est pas acceptable. Nous voulons ensemble trouver des solutions pour pouvoir rattraper le temps perdu."
Seulement 33 % des habitants sont vaccinés. Appelez-vous à la vaccination ?
"Je l'ai toujours dit, je suis vacciné. J'ai conseillé aux Guadeloupéens de se faire vacciner. Nous avons, Région et Département, tous les lundis depuis plus d'un an, fait des visioconférence avec des spécialistes, des médecins, des scientifiques pour sensibiliser les habitants à se faire vacciner, en consultant leur médecin traitant pour qu'il puisse les conseiller. Nous avons pris notre part mais il faut continuer la concertation pour essayer de convaincre car le vaccin protège. Les fake news démobilisent énormément de personnes et c'est ça qui est grave aujourd'hui."
Une réunion est prévue lundi avec le Premier ministre Jean Castex. C'est un appel à l'aide que vous allez lui lancer plus que des mesures de sécurité ?
"Je n'ai personnellement encore reçu aucune invitation mais nous serons représentés. Ce n'est pas de l'aide que nous demandons, nous voulons être entendus, trouver ensemble des solutions pour pouvoir calmer ce qui se passe aujourd'hui en Guadeloupe. On se rappelle de 2009, il y a eu des propositions, des accords mais ils n'ont pas été respectés et la Guadeloupe souffre. J'ai alerté à plusieurs reprises, j'ai écrit à tous les ministres concernés. Je sais que le président a donné des instructions mais rien ne bouge. Il faudrait que chaque ministre puisse prendre en compte les doléances des Guadeloupéens. Je souhaite à tous les Guadeloupéens beaucoup de courage. Ce n'est pas à l'image de la Guadeloupe. Je sais que nous sommes une population forte, nous allons nous relever mais ce que nous disons c'est que nous ne demandons pas d'argent, nous demandons d'être entendus, qu'il y ait de la concertation. Nous sommes Français donc nous devons être traités de la même manière que les autres régions de France."