Nouveau record de détenus en France : quatre chiffres pour comprendre la surpopulation carcérale

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Nouveau record de détenus en France : quatre chiffres pour comprendre la surpopulation carcérale

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Cellule de la maison d'arrêt de Limoges, avec un matelas au sol face au manque de place dans la prison (octobre 2021)
Cellule de la maison d'arrêt de Limoges, avec un matelas au sol face au manque de place dans la prison (octobre 2021)
© Radio France - Nathalie Col

Les prisons françaises comptent 72.836 détenus en décembre, le record du mois dernier est donc battu. Avec plus de 72.000 prisonniers pour 60.000 places, le problème de surpopulation carcérale est plus présent que jamais.

Il n'y a jamais autant eu de prisonniers en France. Le pays compte 72.836 prisonniers en France au 1er décembre, soit une augmentation de 4,1% par rapport à l'an dernier, d'après les chiffres du ministère de la Justice dévoilés mercredi. Et ces détenus dorment souvent les uns sur les autres, puisque pour 72.836 détenus, il n'y a que 60.698 places.

La Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté s 'est indignée sur Twitter, dénonçant une "surpopulation carcérale de plus en plus effrayante" . "Il est inutile d'attendre que la prison puisse réinsérer quiconque dans une situation qui rend infernal également, le travail du personnel pénitentiaire", déplore Dominique Simonnot.

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72.836 prisonniers, nouveau record

La France compte donc 72.836 prisonniers. C'est un record absolu, après avoir été battu une première fois en novembre dernier. Il y a donc eu 2.844 prisonniers de plus en un an (+4 %). Après une baisse entre mars 2020 et janvier 2021, les chiffres reviennent aux ordres de grandeur d'avant-Covid. Parmi ces prisonniers, 26 % sont en attente de leur procès.

Les prisons françaises accueillent plus de 72.000 prisonniers, alors qu'elles ne comptent que 60.700 places réglementaires. Selon les règles datant de 1988, les cellules d’une superficie inférieure à 11 m2 correspondent en principe à une place, une cellule entre 11 et 14 m² compte deux places, et une cellule de 49 à 54 m² compte 10 places. On note d'ailleurs que si le nombre de prisonniers augmente en un an, le nombre de places lui, reste le même.

Sept maisons d'arrêt au dessus de 200% de taux d'occupation

Ces saturations concernent particulièrement les maisons d'arrêt, où sont enfermées les personnes en détention provisoire ou condamnées à des courtes peines. De manière générale, ces quartiers sont saturés, avec 142 % d'occupation. Sept maisons d'arrêt ou quartiers de maisons d'arrêt dépassent même les 200 % de capacité carcérale, c'est-à-dire qu'ils accueillent deux fois plus de prisonniers qu'elles ne le devraient.

Celui de Bordeaux Gradignan accueille 701 détenus, alors que sa capacité est de 350 places. À Bayonne, il y a 151 détenus à la maison d'arrêt, qui ne compte que 75 places. La prison de Perpignan présente une densité carcérale de 207,7 %, avec 407 prisonniers pour 196 places. La maison d'arrêt de Foix compte 65 lits pour 132 places.

La maison d'arrêt de Carcassonne et celle de Nîmes sont les plus saturées, avec 211 % et 212 % de densité carcérale. Enfin, le centre pénitentiaire de Mata-Utu, à Wallis-et-Futuna, accueille 7 prisonniers pour 3 places. Les maisons d'arrêt de Tours, Béthune, Rochefort et du Puy-en-Velay frôlent elles-aussi aussi les 200 %.

2.133 prisonniers dorment sur des matelas par terre

Si les maisons d'arrêt sont particulièrement concernées, les centres de détention, pour les peines longues, sont aussi touchés. Ainsi, en moyenne, les établissements carcéraux présentent un taux d'occupation de 120 %. 124 des 264 établissements ou quartier, soit près de la moitié, accueillent plus que de prisonniers que leur capacité. Les directions interrégionales de Toulouse (136 % de taux d'occupation) et de Paris (133 %) sont particulièrement touchées.

Ainsi, les directions doivent rajouter des lits dans les cellules, diminuant l'espace vital réglementaire accordé aux prisonniers. 2.133 prisonniers sont même contraints de dormir sur des matelas posés au sol. Là aussi, ce nombre a augmenté en une année.

14.885 personnes en aménagement de peine

L'une des solutions pour désengorger les prisons est de favoriser l'aménagement de peine. 14.885 personnes en font l'objet, ce qui représente 17 % des peines de privation de liberté. Elles sont par exemple en détention à domicile avec surveillance électronique. Ces aménagements de peine sont en progression de 6,1 % par rapport à l'an dernier. Une hausse qui est comparable aux 4,1 % d'augmentation des placements en détention.