"On est sur la bonne voie" : des chercheurs planchent sur la reproduction de langoustes rouges en laboratoire

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"On est sur la bonne voie" : des chercheurs planchent sur la reproduction de langoustes rouges en laboratoire

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L'Université de Corse travaille sur ce projet depuis deux ans.
L'Université de Corse travaille sur ce projet depuis deux ans.
- Capture d'écran de la vidéo Youtube de l'Université de Corse

L'Université de Corse et le CNRS ont présenté, lundi, les nouveaux résultats de leurs travaux autour de la reproduction de langoustes rouges en laboratoire. Des résultats très encourageants pour espérer relancer les populations en déclin en Méditerranée, selon les chercheurs.

Elles ressemblent pour l'instant à de petites crevettes de moins d'un centimètre. Mais, déjà, elles ont cette couleur rouge caractéristique et la forme de la langouste, d'après les images qui défilent derrière les chercheurs de l'Université de Corse et du CNRS. Ils ont organisé une  conférence de presse à Corte (Haute-Corse), lundi, pour présenter l'avancée de leurs travaux.

Sur ce tout petit animal, qui tient sur un doigt, repose l'espoir de réintroduire une espèce en déclin en Méditerranée et dans l'océan Atlantique depuis des dizaines d'années. Depuis deux ans, les scientifiques corses se donnent pour mission de reproduire en laboratoire des langoustes rouges. À partir d'œufs prélevés sur des femelles fécondées, ils élèvent des bébés langoustes selon un protocole élaboré par l'équipe et qui fait ses preuves, selon elle.

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Le deuxième stade de développement atteint

"Ce qui est important, c'est qu'on arrive à avoir un très bon taux de survie des larves et on est passé de 3 à 33 % de taux de survie", se félicite le professeur Antoine Aiello, directeur de recherche au CNRS et au Stella Mare, la plateforme d'ingénierie écologique rattachée à l'Université de Corse. "On pense avoir réussi à trouver les paramètres déterminants pour leur développement, comme la bonne nourriture et la bonne température." "On est sur la bonne voie", affirme le chercheur.

Par rapport à l'année dernière, date à laquelle les premiers résultats avaient été présentés, les chercheurs sont passés de 6 à 25 individus juvéniles de stade 1. Cinq ont même atteint le stade 2, sur sept stades en tout avant d'atteindre l'âge adulte. Seuls deux laboratoires dans le monde sont à la pointe sur la reproduction des langoustes rouges, l'autre se situe en Écosse.

Les scientifiques corses se sont lancés dans ce projet car la langouste rouge est la principale ressource des pêcheurs de l’île : 70 % de la pêche corse repose sur cet animal. Les populations se réduisent depuis des décennies - de 300 tonnes dans les années 1950 à 60 tonnes pêchées en 2020 - à cause de la surpêche. Les quotas instaurés n'ont pas permis de les reconstituer.

En concertation avec les pêcheurs corses

La technique de l'Université de Corse et du CNRS permettrait d'accélérer le processus de reproduction. "Le Graal, ce serait d'obtenir suffisamment de juvéniles pour envisager une restauration écologique", ajoute Antoine Aiello. Les chercheurs espèrent y parvenir " d’ici cinq ans, même si la nature peut nous réserver des surprises et aller plus vite". Les pêcheurs corses voient donc d'un très bon œil ce projet, tout en voulant respecter un cadre pour ne pas épuiser à nouveau l'espèce.

Les recherches et les expérimentations continuent. Cela permettrait en plus de limiter les émissions de carbone de la pêche corse. Car qui dit plus de langoustes disponibles, dit moins de déplacements pour les pêcheurs.