
La cryptomonnaie a fait la une de l'actualité en fin d'année dernière, au fur et à mesure que sa valeur explosait (5.000, 10.000, 15.000 dollars...) Tout le monde se demandait combien de temps durerait cette "ruée vers l'or numérique" et si la bulle finirait par exploser. Retour sur un phénomène bien plus complexe.
À la Maison du Bitcoin, à Paris, on se rappelle très bien de ces quelques semaines de folie, en décembre dernier, comme l'explique son directeur Manuel Valente : "on a vu une énorme demande au niveau de notre comptoir physique, avec des jours où on avait vraiment du mal à répondre à la demande". Et pour certains boursicoteurs, l'évolution du cours est une source d'inquiétude constante : "j'ai vu sur mon téléphone que ça descendait beaucoup", explique l'un d'eux, de passage au comptoir parisien. "J'ai eu peur, donc je suis venu pour vendre un peu !"
De plus de 16.000 dollars, le bitcoin est retombé sous les 9 000 dollars aujourd'hui, mais avec la ruée des dernières semaines les arnaques se sont multipliés. L'Autorité des marchés financiers s'en est bien rendu compte, grâce à sa plateforme d'écoute. Plusieurs analystes se relaient pour répondre aux questions des épargnants. Notamment pour rappeler qu'aucune plateforme sérieuse ne peut garantir une rentabilité à 100 %.
Un territoire encore à défricher
Il y a des arnaques sur le bitcoin comme il y en a eu récemment sur avec le diamant, mais ce n'est pas pour ça qu'il faut tout mettre à la poubelle. Le bitcoin fait son trou de plus en plus dans l'économie réelle, confirme Franck Guiader, directeur de la division Fintech à l'AMF. "Ça reste encore très marginal, pour autant c'est une économie qui existe, connectée à l'économie traditionnelle, qui voit dans ces nouveaux protocoles informatiques des moyens complémentaires de faire évoluer leurs activités."
Plusieurs entreprises s'essayent aujourd'hui aux levées de fonds en bitcoin ("l'ICO"). Domraider, une société clermontoise compte ainsi lever l'équivalent de près de 35 millions d'euros pour lancer cette semaine une plateforme de vente aux enchères sur le web. "Il y a un côté défrichage qui est très intéressant", explique son fondateur Tristan Colombet. "Une ICO pose énormément de questions sur les plans techniques, comptables, fiscaux, ou autres, sur lesquels il faut apporter des réponses."
Si la société s'est lancée, c'est qu'elle est spécialisée dans la technologie blockchain, adossée au bitcoin. Il n'y a pas encore de cadre juridique pour tous ces systèmes en France, d'ailleurs l'entreprise a préféré prévenir d'elle-même l'administration fiscale. Mais les autorités y réfléchissent sérieusement.