"Ouistreham" ou Florence Aubenas par Emmanuel Carrère : Le Masque tire son chapeau !

Publicité

"Ouistreham" ou Florence Aubenas par Emmanuel Carrère : Le Masque tire son chapeau !

Affiche du film "Ouistreham" d'Emmanuel Carrère, d'après le récit autobiographique de Florence Aubenas
Affiche du film "Ouistreham" d'Emmanuel Carrère, d'après le récit autobiographique de Florence Aubenas
- Christine Tamale

Après "Retour à Kotelnitch", Emmanuel Carrère adapte "Le quai de Ouistreham", le récit autobiographique de la journaliste Florence Aubenas, qui racontait avoir partagé de manière anonyme la vie des agents d'entretien sur les ferries assurant la liaison entre Caen-Ouistreham et Portsmouth. Le bilan du Masque & la Plume.

Le film présenté par Jérôme Garcin

Un film en partenariat avec France Inter qui commence par un passage obligé à Pôle emploi. Juliette Binoche endosse la blouse de Florence Aubenas. Les autres femmes sont toutes des non-professionnelles, parmi lesquelles Hélène Lambert, agent d'entretien dans la vraie vie qui joue ici Christelle, avec laquelle la vraie fausse Florence Aubenas noue de vrais liens d'amitié, jusqu'au jour où cette dernière découvre, très choquée, que sa compagne de galère est en fait une journaliste infiltrée. Elle a le sentiment d'avoir été trahie. Un film social qui pose une question morale et qui dure 1h47. 

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Sophie Avon salue "un assez bon mélange entre le sens du documentaire et la fiction"

"J'aime assez le film que je trouve honnête et qui transpose quelque part la matière documentaire de Florence Aubenas en une fiction assez belle. Notamment dans le fait que ces femmes jouent justement des rôles, car elles ont beau être agents d'entretien, les travailleuses précaires sont, qu'on le veuille ou non, des actrices non professionnelles dans la vie. La fiction en fait des personnages de pleins droits. 

Publicité

Cependant le film fait une erreur en rajoutant cette histoire de clandestinité, de trahison, de révélation inattendue de la vraie identité de cette femme qui n'est pas ce qu'elle prétend être. C'est superfétatoire car la fiction était déjà là, tournée du côté de ces femmes et leur condition sociale. Elles sont suffisamment passionnantes, on n'a pas besoin de cette fin entre deux eaux." 

Michel Ciment l'a trouvé "passionnant" 

"Emmanuel Carrère combine ici sa propre mise en abyme, il incorpore son intervention personnelle qui se lie très bien à la démarche Aubenas. 

D'autre part, le sens documentaire du film est lui aussi passionnant, avec la vie sur le ferry et une observation très précise de ce travail d'agents d'entretien. 

Puis, c'est un film d'espionnage très intéressant. L'espion ne veut pas être découvert. Il s'infiltre dans un milieu étranger, et son obsession est de tout faire pour ne pas être découvert. 

Emmanuel Carrère développe quelque chose de kaléidoscopique dans la relation entre Christelle et la journaliste Marianne. Quand cette dernière est démasquée, l'autre est furieuse d'avoir été trompée. J'ai aussi pensé au "Christ s'est arrêté à Eboli", le roman de Carlo Levi que Francesco Rosi avait ensuite adapté au cinéma. Avec un bourgeois qui arrive dans un milieu prolétaire du sud de l'Italie, découvre la misère et, à la fin, retourne chez lui boulevard Saint-Germain pour vivre tranquillement".

Eric Neuhoff tire son chapeau !

"Un film qui montre jusqu'où sont capables d'aller les écrivains pour trouver un sujet. Devenir femme de ménage quand on est journaliste ou romancière, il faut quand même le faire ! 

Un film qui mêle infiltration et trahison et dont la réussite revient au côté documentaire et très physique". 

C'est un film très juste qui sent la sueur, qui sent l'effort et Juliette Binoche est vraiment bluffante, chapeau ! 

Jean-Marc Lalanne applaudit "un très beau travail de réflexion sur la réalité sociale des personnages"

"J'aime la dimension de réflexion critique qui préside au livre de Florence Aubenas, mais aussi le travail d'autocritique réalisé". 

Il y a vraiment une réflexion sur la difficulté de documenter la réalité sociale des personnages, vus de l'extérieur, mais sans vouloir les trahir ni les humilier.

Le film

🎧  Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"Ouistreham" d’Emmanuel Carrère

9 min

Toutes les autres critiques de films du Masque et la Plume sont à retrouver ici