Paiement des loyers : les bailleurs sociaux vont-ils faire un geste ?
Par Louis-Valentin LopezLa mairie de Paris demande aux bailleurs sociaux d'aider leurs locataires, et des initiatives sont déjà mises en place en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine. Le collectif Droit au Logement, de son côté, réclame un moratoire au gouvernement.
Donner un coup de main à ceux qui ne peuvent pas payer leur loyer. La mairie de Paris a demandé mercredi aux bailleurs sociaux de faire un geste pour aider les locataires, en difficulté face à une baisse de revenus liée à la crise du coronavirus. Les locataires sociaux vont ainsi pouvoir échelonner le paiement de leurs loyers impayés, relate France Bleu Paris.
Anne Hidalgo a pris cette décision à la suite d'une proposition de son adjoint au logement, Ian Brossat : "J'ai demandé aux bailleurs sociaux de la Ville de Paris (Elogie-Siemp, Paris Habitat, la RIVP) de tout mettre en œuvre pour renforcer les moyens humains dédiés à l'accompagnement des locataires", explique ainsi la maire de Paris dans un communiqué.
Comment cela va-t-il se passer ? Ce sera aux locataires en difficulté de contacter leur bailleur, qui leur proposera alors d'échelonner leurs loyers impayés en fonction de leur situation, échelonnement d'une durée variable. Anne Hidalgo annonce en outre un "moratoire sur les contentieux" entre propriétaires et locataires. Paris Habitat, le premier bailleur social de la Ville, va également ajuster le calendrier de régularisation des charges : ces dernières seront avancées au mois de mai, alors qu'elles étaient prévues pour le mois de juin.
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Des initiatives déjà prises dans les Hauts-de-Seine et en Seine-Saint-Denis
Dans le département des Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris, le principal bailleur social du département, Hauts-de-Seine Habitat, a décidé de suspendre l'envoi de la lettre de relance du paiement du loyer, rapporte Le Parisien. Un courrier normalement expédié après 20 jours de retard de paiement. Le sénateur LREM des Hauts-de-Seine Xavier Iacovelli s'en est félicité :
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Puis, en Seine-Saint-Denis, au nord de la capitale, deux bailleurs, Plaine commune habitat à Saint-Denis et la Semiso (société d'économie mixte) de Saint-Ouen, proposent à leurs locataires de reporter leur loyer s'ils sont en difficulté de paiement, relaient France Bleu Paris et Le Parisien.
Plaine Commune Habitat, 18 000 logements, propose ainsi un report partiel ou total du versement du loyer : en temps normal, un tiers des locataires a déjà des difficultés à payer son loyer dans les temps. Le bailleur a en outre mis en place une cellule "appui solidarité logement." La Semiso de Saint-Ouen, elle, propose à tous ses locataires de suspendre leurs loyers "sur simple déclaration sur l'honneur afin de les étaler sur les douze prochains mois, dès que la période de confinement sera levée".
Une sénatrice des Bouches-du-Rhône écrit au ministre du Logement
Dans une lettre adressée à Julien Denormandie, le ministre du Logement, la sénatrice des Bouches-du-Rhône Samia Ghali demande la "suspension des loyers du parc social pour les plus démunis', rapporte France Bleu Provence, en citant notamment en exemple la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine. Selon l'élue, la crise sanitaire "se transforme en crise humanitaire sur certains territoires, notamment à Marseille."
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Mais le gel des loyers sociaux n'est "pas forcément la bonne" solution pour Florent Houdmon, le directeur régional de la Fondation Abbé Pierre, interrogé par France Bleu Provence : "Il y a toute une partie de la population précaire qui n'a même pas accès au logement social et qui se loge en logement privé", souligne-t-il. La Fondation se positionne en ce sens plutôt pour un "fonds d'urgence d'aide à la quittance".
Droit au Logement réclame un moratoire
Le collectif Droit au logement (DAL), de son côté, demande au gouvernement "un moratoire des loyers et des traites" afin de suspendre leur paiement, dans un communiqué publié lundi. L'association souhaite ainsi "suspendre les loyers, traites, sanctions judiciaires et financières des habitants en difficulté."
Selon le DAL, le gouvernement "prend le risque de mettre à la rue massivement dès l’automne prochain les locataires en galère (…) d’autant plus que la récession et la montée massive du chômage s’annoncent."
Face à la crise sanitaire, le gouvernement avait déjà début mars annoncé prolonger la trêve hivernale de deux mois, soit jusqu'au 31 mai, interdisant ainsi les expulsions locatives.