Palmyre reprise aux djihadistes

L'armée syrienne a repris dimanche le contrôle total de la cité antique de Palmyre après en avoir chassé les djihadistes du groupe État islamique. Une victoire symbolique et stratégique pour le régime de Bachar al-Assad.
C'est un revers de taille pour le groupe Etat islamique qui tenait cette ville antique du centre de la Syrie depuis près d'un an. L'armée syrienne, soutenue par l'aviation et les forces spéciales russes ainsi que par le Hezbollah libanais, a repris dimanche la ville de Palmyre et avancé dans plusieurs provinces. Lancée le 7 mars, l'offensive pour reprendre Palmyre à l'EI a duré 20 jours.
La vidéo datée du 27 mars d'images de Palmyre tournée par un drone :
Régis Le Sommier, reporter de guerre
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La reconquête ouvre la voie au désert de l'Est syrien tenu par les djihadistes
Il s'agit de la victoire la plus importante du régime face à l'EI depuis l'intervention fin septembre 2015 dans le conflit de la Russie, allié indéfectible du régime Assad.
D'après une source militaire, les combattants de l'EI "se sont repliés vers Sokhné, à l'est de Palmyre, Raqa et Deir Ezzor, leurs fiefs dans le nord et l'est de la Syrie. "Les unités d'ingénierie de l'armée sont en train de désamorcer des dizaines de bombes et de mines à l'intérieur de la cité antique" qui contient des trésors détruits en partie par le groupe extrémiste, a ajouté cette source.
Les tweets d'un journaliste de l'AFP sur place :
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D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, "au moins400 jihadistes ont été tués depuis le début de l'offensive". "Il s'agit du bilan le plus lourd pour l'EI dans une seule bataille depuis son émergence" en plein conflit syrien en 2013. C'est une défaite symbolique pour l'EI semblable à celle de Kobané, la ville kurde d'où les djihadistes ont été chassés par les forces kurdes appuyées par l'aviation de la coalition menée par Washington.
C'est aussi une victoire très symbolique pour Bachar al-Assad, qui sera le premier à en tirer les bénéfices en termes d'image. Le président syrien s'est félicité de l'efficacité de sa stratégie de lutte contre le terrorisme.
Camille Grand est directeur de la Fondation pour la Recherche Stratégique
Le cas de Palmyre étant fortement symbolique, ça va renforcer son image auprès des Russes mais aussi de ceux qui, dans les capitales occidentales, voient en Bachar un allié dans la lutte contre l'État islamique. Ça renforce sa main politiquement en le positionnant comme un acteur de cette lutte, dans cette manoeuvre plus générale définie par les Américains. On peut supposer qu'il y a des consultations américano-russes qui ait incité le régime à aller dans cette direction.
"Ça va renforcer et conforter son image auprès des Russes et de l'Occident"
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Premier symbole au niveau international : Ban Ki Moon qui a salué cette reprise de Palmyre. Le secrétaire général de l'ONU peut pourtant difficilement être taxé de sympathie envers le régime syrien, condamné à plusieurs reprises par l'organisation internationale. L'opposition syrienne, qui accuse souvent le président syrien de collusion avec l'État islamique, se retrouve également en difficulté avec cette victoire.
Le régime syrien va désormais avancer vers la frontière avec l'Irak, contrôlée en grande partie par les djihadistes.
En Irak, l'EI est aussi la cible d'une large offensive de l'armée irakienne qui cherche à reprendre son fief de Mossoul, la deuxième ville du pays située dans le Nord.
La citadelle endommagée par des combats
Selon l'Association pour la protection de l’archéologie syrienne, la citadelle, que contrôle désormais l’armée, a été endommagée par les combats. En contrepied de la citadelle, se trouve le site historique de Palmyre, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Il y a quelques jours, le directeur des Antiquités et des Musées de Syrie se disait inquiet de découvrir l'étendue des destructions infligées par l'organisation Etat islamique au site antique de Palmyre. Il estime désormais que les images tournées par un drone au cours des derniers jours sont plutôt rassurantes : elles laissent apparaître que plusieurs monuments célèbres, comme l'amphithéâtre ou une longue colonnade, sont toujours debout. Ces monuments n'auraient donc pas connu le même sort que les deux temples ou l'Arc de triomphe dynamités l'été dernier par les djihadistes. Avec les combats à l'artillerie lourde de ces derniers jours, le sort du site demeure fragile.