Parcoursup, un bilan encore flou qui a du mal à convaincre

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Parcoursup, un bilan encore flou qui a du mal à convaincre

Université de Caen
Université de Caen
© Radio France - Bénédicte Courret

La plateforme Parcoursup a fermé vendredi dernier, alors que 2.500 élèves n'avaient toujours pas d'affectation pour cette année scolaire, selon le ministère de l'Enseignement supérieur.

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait annoncé la semaine dernière que 2.500 étudiants inscrits étaient encore en attente d'une affectation. Un chiffre moindre que celui de l'an dernier,  3.500 avec l'ancienne plateforme APB.

Mais ces chiffres sont "de la communication" pour Guillaume Ouattara, journaliste à Campus Channel, pour qui "46.000 candidats (…) étaient toujours en attente" au début du mois de septembre.

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Près de 40.000 jeunes ont été recensés comme inactifs par le ministère. Pour Frédérique Vidal, "ce sont des jeunes qui se sont inscrits sur la plate-forme qui ont fait des vœux et qui finalement ont changé de projet, qui ont changé d'avis et ne sont pas retournés se désinscrire".  "On continue à identifier ces jeunes et on vérifie auprès d'eux qu'ils ont un autre projet. Lorsqu'ils n'ont pas d'autre projet, ça nous permet, dans (une) phase de procédure complémentaire, de travailler avec eux sur d'autres formes d'orientation et donc de ne pas les laisser disparaître".

Frédérique Vidal avait fait savoir vendredi dernier que 43% des jeunes de l'académie de Créteil avaient pu s'inscrire dans des formations à Paris, avec Parcoursup, contre 26% l'an dernier.

Les syndicats toujours pas convaincus

Au 5 septembre, "nous avons 63% d'affectations définitives avec Parcoursup, alors que nous avions 61% dès le premier jour des résultats d'APB", s'agace Hervé Christofol, secrétaire général du Snesup-FSU, syndicat enseignant opposé à la loi ORE et à Parcoursup, qui selon lui introduit de la sélection à l'entrée en fac. Il s'interroge sur le sort des étudiants en réorientation, eux aussi sans place (4.000 le 5 septembre) ou des jeunes qui "ont abandonné" la procédure.

Pour Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant, qui a soutenu la loi, les chiffres prouvent "une amélioration" du système d'affectation des jeunes dans l'enseignement supérieur, par rapport au dispositif APB en vigueur l'an dernier.

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Mais pour Guillaume Ouattara, journaliste à Campus Channel, "Quand on regarde juste les chiffres, on se rend compte que Parcoursup, à mon sens, fait pire et a laissé plus d'élèves sur le carreau cette année. Donc, tout ça pour ça. Beaucoup de complexité pour les élèves, beaucoup de délais d'attente. On se rend compte que Parcoursup n'a pas fait mieux que son prédécesseur".

Pour la porte-parole du syndicat étudiant Unef, Lilâ Le Bas, "on a un grand nombre de jeunes qui se sont retrouvés début septembre sans aucune proposition d'inscription".  Elle dénonce la distinction qui est faite entre les étudiants "actifs", qui "seraient volontaires pour avoir accès à une formation", et les étudiants "inactifs". Ces gens-là, "on les fait sortir du radar".

Le Sénat veut mettre son nez dans les algorithmes locaux

Le groupe CRCE au Sénat (à majorité communiste) a annoncé qu'il allait saisir les universités pour obtenir communication de leurs "algorithmes locaux", c'est-à-dire les éléments techniques utilisés pour classer informatiquement les dossiers des candidats dans le cadre de la procédure Parcoursup.  

Le groupe CRCE entend ainsi s'assurer que les libertés individuelles des candidats ont été respectées.  Le ministère de l'Enseignement supérieur a publié un algorithme national qui détermine des critères pour chaque filière universitaire. Et les universités ont, individuellement, conçu un outil d'aide à la prise de décision, que les opposants à la loi sur les nouvelles modalités d'accès à l'université et à Parcoursup appellent "un algorithme local".  

"Force est de constater que le ministère chargé de l'Enseignement supérieur (...) ne s'est donné aucun moyen de s'assurer de la légalité des procédures de traitement des candidatures mises en œuvre par les universités et de leur conformité au nouveau Règlement général sur la protection des données", estime le CRCE.