Paris et Bruxelles, la justice française est-elle passée à côté ?

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Paris et Bruxelles, la justice française est-elle passée à côté ?

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Farouk Ben Abbes s’est installé dans la région toulousaine en septembre dernier.
Farouk Ben Abbes s’est installé dans la région toulousaine en septembre dernier.
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La justice française est-elle passée à côté du groupe de terroristes qui a commis les attentats du 13 novembre à Paris et ceux du 22 mars à Bruxelles ? La question se pose car le nom de l’artificier du groupe qui s’est fait exploser à l’aéroport de Zavantem est en effet connu des enquêteurs depuis près de sept ans. Cet homme apparait dans le dossier de l’attentat du Caire qui avait visé des lycéens français le 22 février 2009 et coûté la vie d’une jeune lycéenne, Cécile Vannier. Par ailleurs, France Inter vous révèle que l’avocat de la famille Vannier demande des comptes et réclame en urgence l’audition d’un islamiste radical, Farouk Ben Abbes, un Belge installé dans la région toulousaine en septembre dernier qui avait avoué préparer un attentat au Bataclan aux autorités égyptiennes dés 2009, ce qu'il dément aujourd'hui.

Les deux hommes se sont appelés près de 200 fois à cette époque

Au lendemain de l’attentat du Caire, les policiers s’intéressent à un Belge qui a voyagé en Egypte. Il s’appelle Chakir El Khattabi. L’homme est surveillé et ses factures téléphoniques épluchées. Chakir El Khattabi a passé beaucoup de coups de fil, avant et après les attentats. Sur ses listings d’appels, un nom apparaît régulièrement : celui de Najim Laachraoui. Les deux hommes se sont appelés près de 200 fois à cette époque. On le sait désormais : Najim Laachraoui est l’un des kamikazes de l’aéroport de Bruxelles, il était sans doute l’artificier et peut-être le cerveau des attentats qui ont frappé la France et la Belgique.

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"C’est un même réseau qui a frappé"

Pour l’avocat de la famille de Cécile Vannier, ça ne fait plus de doute : c’est un même réseau qui a frappé l’Egypte en 2009 et l’Europe ces derniers mois. Me Olivier Morice vient de saisir les juges français qui enquêtent sur l’attentat du Caire d’une demande d’audition de Farouk Ben Abbes. Ce Belge avait été arrêté au Caire après la mort de la lycéenne de Levallois-Perret. Aux policiers belges, il aurait indiqué projeter des attentats en France. Les autorités égyptiennes font alors savoir à la justice française que parmi les cibles potentielles de Farouk Ben Abbes se trouverait la salle de spectacle du Bataclan. Une enquête sur ce projet d’attentat avait été ouverte au pôle antiterroriste de Paris. Farouk Ben Abbes avait été incarcéré provisoirement. Mais, faute de preuves, l’instruction s’était soldée par un non-lieu.

Farouk Ben Abbes un proche des frères Clain

Pour Me Olivier Morice, il y a des connexions évidentes entre tous ces dossiers. Mais on ne les a pas repérées.

Un certain nombre de personnes sont passé à côté d’interpellations, de mises en cause, avec toutes les conséquences que cela peut avoir, déplore l’avocat. Les familles de victimes ne peuvent pas supporter qu’ils puisse y avoir eu des négligences » dans ces enquêtes policières et judiciaires.

Farouk Ben Abbes était un proche des frères Clain. Fabien et Jean-Michel Clain, djihadistes toulousains, sont ceux qui ont lu et chanté la revendication par Daech des attentats du 13 novembre. Assigné à résidence dans le cadre de l’état d’urgence, Farouk Ben Abbes a été incarcéré cette semaine après avoir été condamné à trois mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Toulouse pour ne pas avoir respecté les modalités de son assignation à résidence.