Paris : la bataille du vélo prend de l'ampleur

Alors que des travaux d'aménagements ont débuté au mois d'août rue de Rivoli, l'association Paris en selle s'inquiète du retard pris par le Plan Vélo d'Anne Hidalgo.
Dans le cadre du Plan Vélo, lancé en 2015 par la mairie de Paris, des travaux d’aménagements ont débuté le 1er août rue de Rivoli. L’artère qui mène de la place de la Bastille à la place de la Concorde va passer à une seule file pour les voitures avec la création d’une voie à double sens pour les cyclistes, longue de 4 kilomètres. Un projet jugé "essentiel" par l’association Paris en selle, mais qui fait donc partie d’un ensemble bien plus vaste pour que la ville devienne l’une des capitales mondiales du vélo.
Si la maire de Paris Anne Hidalgo a décrété 2017 "année du vélo" lors de ses vœux, l’Observatoire du Plan Vélo, mis en place par Paris en selle, n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme quant au retard pris dans les aménagements. En effet, à deux ans et demi de la fin de la mandature d’Anne Hildago, seules 5 % des infrastructures ont été réalisées, estime l’association, tandis qu’à peine la moitié des études liées à des projets de pistes cyclables a été menée.
L'association Paris en selle s'inquiète
Charles Manguin, président de Paris en selle, s’inquiète : "Des travaux ont été lancés mais il ne faut pas se leurrer : tenir les délais semble extrêmement compliqué." En réponse, Christophe Najdovski, adjoint à la mairie de Paris juge "ce calcul partiel, car il ne prend en compte que les aménagements en dur", c’est-à-dire avec un séparateur au sol protégeant les usagers. Ces "aménagements en dur" sont les seuls considérés par Paris en selle comme des pistes cyclables à part entière, en opposition notamment aux rues mises en double-sens cyclable, dont la vitesse autorisée pour les automobilistes a été réduite à 30 km/h.
"Les zones à 30 km/h sont des zones d'apaisement de la circulation. Quand le cycliste a de la visibilité, en règle générale, un simple marquage au sol suffit", a jugé Christophe Najdovski. Pour Paris en selle, "faute de pistes cyclables sécurisantes, la solution vélo restera réservée à une minorité aguerrie plutôt qu’à toute la diversité des habitants de la métropole parisienne". L’association ajoute également qu’une voie partagée entre cyclistes, bus et taxis "n’est pas un aménagement cyclable". Une question sémantique qui fait dire à Paris en selle que seulement 1,5 kilomètre de piste cyclable avait été aménagé au 30 juin lors de cette "année du vélo".

Préfecture, mairie et association se renvoient la balle
Pour l’association, deux raisons principales expliquent ce retard. Tout d’abord, le rôle de la préfecture de police, dont "l’obstruction systématique à la mise en œuvre du Plan Vélo est irresponsable". Mais le préfet de police, Michel Delpuech, se défend de toute hostilité au Plan Vélo. Il se montre avant tout préoccupé par "l’accès garanti pour les véhicules de sécurité et de secours", le seul pouvoir de la préfecture depuis le transfert de compétence quant à la circulation à la ville de Paris, en février 2017, étant d'émettre des prescription à ce sujet. À la mairie, on pointe surtout "la nécessité d’un changement culturel".
Dans un second point concernant le retard d’aménagement, Paris en Selle "constate la faiblesse des moyens humais dédiés à la mise en œuvre du Plan". Son président Charles Manguin regrette que, "à la mairie, il n’y [ait] que deux interlocuteurs vélo. C’est peu pour une ville qui aspire à en devenir la capitale mondiale".
Pour rappel, le Plan Vélo prévoit de faire passer la longueur des voies cyclables parisiennes de 700 à 1 400 kilomètres d’ici à 2020, avec pour but de tripler les déplacements en vélo dans la capitale afin de faire passer le total de 5 à 15 %. Pour cela, la mairie a débloqué une enveloppe de 150 millions d’euros. La sécurité des cyclistes est par ailleurs un point central du débat. En 2016, 159 cyclistes ont été tués sur les routes de France, un chiffre reparti à la hausse depuis 2010 (+8 %), et plus de 4 000 ont été blessés. Le 17 juin, un millier de cyclistes manifestaient à Paris pour interpeller les pouvoirs publics sur la question de l’insécurité routière pour les cyclistes.
