Paris : ses voisins ont peur qu'elle ait le coronavirus, une infirmière obligée de faire ses valises

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Paris : ses voisins ont peur qu'elle ait le coronavirus, une infirmière obligée de faire ses valises

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Une infirmière dans les couloirs de l'hôpital Tenon, à Paris (XXe).
Une infirmière dans les couloirs de l'hôpital Tenon, à Paris (XXe).
© AFP - Hans Lucas / Raphael Kessler

Des habitants se sont opposés à l'arrivée d'une infirmière dans un immeuble, jugeant qu'elle risquait de les contaminer. "On m'a rétorqué que je n'étais pas le seul dans cet immeuble et que ce comportement était égoïste", raconte la personne qui avait trouvé l'appartement pour cette soignante.

Il y a ceux qui rendent tous les soirs hommage aux soignants qui se battent contre le coronavirus et puis il y a les autres. Ceux qui, enfermés dans des peurs, ont des comportements bien moins civiques. Comme dans un immeuble parisien où certains habitants ont refusé l'installation d'une infirmière, jugeant qu'elle risquait de les contaminer. C'est le constat qu'a fait Olivier, un Parisien du XXe arrondissement, face à l'appel à solidarité de l' hôpital Tenon, tout proche de chez lui. Une infirmière, qu'il avait pu faire héberger dans un appartement vide de son immeuble, a dû faire ses bagages suite au refus de deux autres propriétaires. 

"On m'a dit que j'étais égoïste"

"J'habite dans un petit immeuble de huit copropriétés et dans lequel deux appartements sont vides", raconte-t-il. Lorsqu'il apprend que l'hôpital Tenon recherche des hébergements pour du personnel soignant, ce Parisien contacte spontanément les propriétaires de ces deux logements inoccupés, desquels il obtient un accord rapide

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"L'hôpital nous a très vite proposé de recevoir une infirmière qui arrivait le lendemain de Vancouver." Pensant bien faire, Olivier a "la mauvaise idée" d'annoncer à la copropriété que l'immeuble va accueillir une infirmière qui vient renforcer les effectifs de l'hôpital Tenon.

J'étais à mille lieues de me dire que ça pouvait être un problème mais j'ai rencontré l'opposition de deux copropriétaires.

Mais deux familles (deux couples, plutôt âgés, soutenus par leurs enfants) s'opposent formellement à l'installation de cette infirmière. "On m'a rétorqué que j'aurais dû leur demander leur accord, que cette façon de procéder n'était pas acceptable, que je n'étais pas le seul dans cet immeuble et que ce comportement était égoïste", témoigne Olivier, assommé par les reproches de ses voisins. Il reçoit un dernier email qui achève le débat: "Nous ne souhaitons pas prendre ce risque pour notre famille et le reste des habitants."

L'infirmière a refait les valises qu'elle venait de déballer

Sous la pression de ces deux familles, Olivier est obligé de demander à l'infirmière, qui s'était déjà installée, de partir. "J'ai appelé l'hôpital pour les prévenir que j'avais deux copropriétaires qui s'opposaient totalement à sa présence dans l'immeuble.

Fort heureusement, l'un de ses voisins trouve une autre solution d'hébergement. Mais "quand je l'ai vue me rendre les clés, j'ai réalisé qu'on la mettait dehors et que ce n'était pas possible, que c'était une honte", regrette-t-il. "Ces personnes ont des peurs irrationnelles, ont vu un lien direct entre elle, l'hôpital, le virus et notre immeuble. Ça va laisser des traces, je ne sais pas comment on va gérer ça à la fin de l'épidémie.

"On aurait mieux fait de ne pas les informer", conclut Olivier, qui tire les leçons de cette mésaventure. "On va de nouveau proposer ces appartements, tant pis pour ceux qui ne seront pas d'accord", conclut-il.