Partir à la rencontre des autres en se servant de leur musique comme porte d’entrée
Par Mariel Bluteau, Daniel Fiévet
Écouter les rythmes, les sonorités, les mélodies, les timbres, découvrir de nouveaux instruments et apprendre à les faire sonner. Voilà ce qui anime les voyages de Boris Lelong…
Boris Lelong est musicien. Régulièrement, il part aux quatre coins de la planète à la découverte des musiques et des cultures des uns et des autres. Il était l'invité de Daniel Fiévet dans " Le Temps d'un bivouac" sur France Inter ce mercredi pour raconter ses expériences…
Il évoque ces jeunes Tibétains qui chantent pour se draguer, dans la nuit noire… Prendre un rateau en chansons est-ce plus facile que se prendre un rateau sans accompagnement musical ?
Boris Lelong explique :
Certaines musiques comme celle-ci font partie de la vie quotidienne, de la vie sociale. Si ce sont des chants pour flirter, autant les enregistrer en situation. Montrer la place de la musique dans la vie sociale.
Ce goût pour observer ces liens tissés entre musique et vie sociale est né d'une première expérience, par hasard, en Zambie. Boris Lelong ne devait rester que trois jours dans ce pays, pour enregistrer un instrument particulier... Il y reste finalement trois mois : "Tout s’est enchaîné, les voisins sont venus avec leurs instruments de musiques, des enfants sont aller fabriquer des masques, des personnes âgées sont venues simuler des transes… C’était quelque chose de très très fort ; **200 personnes qui rient en même temps au son des tambours, c’est quelque chose de très impressionnant". **
Tout le monde participe. Il y a pas de public, il y a pas d’artiste.

Un exemple : son expérience au Tibet
Les événements qu'ont subi les Tibétains qui ont choisi de suivre le Dalaï-Lama et fuir le Tibet a marqué leur musique.
Mais ce qui intéresse le plus Boris Lelong, c'est "le contraste entre la génération de ceux qui ont pris le chemin de l'exil - ceux-là étaient des paysans, des cultivateurs ou des éleveurs - et la génération qui est née en Inde - qui est allée à l'école, qui est assez cosmopolite, qui parle anglais, qui utilise Internet - et qui pourtant a le souci de préserver la culture tibétaine en exil".
Il y a un vrai changement entre ces deux générations du fait que la plus jeune s'est imprégnée de la région dans laquelle elle est née. Ça amène tout un tas de transformations inéluctables tout à fait intéressantes à explorer :
Un chant pour accompagner les labours ou pour peigner les chèvres n'a plus vraiment de raison d'être quand il n'y a plus de champ, qu'il n'y a plus de chèvre.

Les Tibétains se transmettent la musique et la danse traditionnelles - des formes de musique de chambre qui viennent des salons aristocratiques d'autrefois de Lhasa. Cette musique classique est complètement différente de la musique des parents de ces enfants qui, eux, étaient paysans nomades de l'autre côté du Tibet, où on n'avait pas ni ces instruments ni ce style musical.
Boris Lelong explique :
Des réfugiés viennent de la campagne auvergnate, on apprend Mozart à leurs enfants.
La musique des exilés tibétains
8 min
Créer des ponts musicaux entre la banlieue française et les pays lointains
Boris Lelong a monté le projet Altamira dans lequel il organise des échanges, des ponts musicaux entre les habitants de la banlieue parisienne où il vit, Saint Denis, et ceux de pays lointains.
Il raconte comment il a amené deux retraitées de Saint-Denis à slammer sur des rythmes malgaches, à Madagascar. Comment les Tiboli, de Zambie, reproduisent et intègrent les bruits des grenouilles, des cigales, etc dans leur musique. Il joue, pour les auditeurs, en direct dans l'émission, de la guimbarde des Philippines... Ecoutez l'intégralité de l'émission :
A la découvertes des peuples et des musiques d'ailleurs, avec Boris Lelong
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