"Pas de cluster" après la rave-party du 31 décembre en Bretagne : comment l'expliquer ?

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"Pas de cluster" après la rave-party du 31 décembre en Bretagne : comment l'expliquer ?

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Une rave party réunissant environ 2.500 personnes a eu lieu à Lieuron (Ille-et-Vilaine) dans des hangars, pour le réveillon, le 1er janvier 2021.
Une rave party réunissant environ 2.500 personnes a eu lieu à Lieuron (Ille-et-Vilaine) dans des hangars, pour le réveillon, le 1er janvier 2021.
© Radio France - Evan Lebastard

Seulement 1% des 2.500 participants à la rave-party de Lieuron (Ille-et-Vilaine) ont été testés, selon les informations fournies à France Inter par l'ARS de Bretagne. Difficile, sur cette base, de détecter le moindre foyer de contamination.

C'est une petite phrase au milieu d' un article du Parisien/Aujourd'hui en France. Dimanche, le quotidien a publié le récit détaillé de l'organisation de la rave-party qui s'est tenue illégalement le 31 décembre à Lieuron (Ille-et-Vilaine), réunissant 2.500 "teufeurs" dans un entrepôt. Une fiesta qui s'est terminée sur la saisie de deux tonnes de matériel "dont 20 enceintes", quatre mises en examen (quatre hommes suspectés d'être à l'origine de la fête, dont l'un, âgé de 22 ans, est incarcéré depuis) et, mercredi, cinq nouvelles gardes à vue

Sur le plan sanitaire, dans un contexte de crise sanitaire aiguë, les inquiétudes étaient vives et ce malgré le lieu, bien aéré, où s'est tenue la soirée. Gestes barrières mal respectés, port du masque quasi nul : "Les raveurs ont mis leur vie en danger, leur santé", avait estimé le préfet du département, Emmanuel Berthier. Pourtant, dans l'article publié dimanche par nos confrères, "aucun cluster lié à cet événement n'a été identifié", affirme l'Agence régionale de santé. Une information que n'a pas manqué de souligner la presse spécialisée, à l'image de Trax Magazine. Sauf que ce n'est pas si simple que ça.

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Pas de cluster ne veut pas dire pas de cas

Contactée par France Inter, l'ARS de Bretagne confirme ce jeudi qu'à l'heure actuelle, "dans le cadre du contact tracing et après plusieurs semaines d'investigation", aucun cas positif n'a été formellement recensé et ce trois semaines après la rave-party. Et donc aucun cluster (il suffit de trois cas pour identifier un foyer de contamination).  Mais elle nuance : "Cela ne repose que sur les seules données disponibles et ne peut donc du tout exclure des contaminations à déplorer lors du rassemblement."

Or ces données sont particulièrement maigres : seul 1% des participants au rassemblement ont été testés, rapporte l'agence. Dans le détail, sur les 2500 participants, 398 (16 %) ont pu être individuellement contactés par les équipes de l'ARS et de l'Assurance maladie. À ces derniers, il a été recommandé un dépistage et une période d'isolement préventive. Mais au sein de ce groupe, "les investigations sanitaires réalisées par l'ARS ont montré que 29 ont réalisé un test". Tous se sont avérés négatifs.

Cluster invisible ?

Par soustraction, cela signifie que 2.100 participants sont hors des radars : impossible, donc, d'avoir une évaluation précise des répercutions sanitaires de cet événements. Beaucoup, sur le moment, ont préféré rester discrets, vis-à-vis des autorités. Dans le même sens, les participants qui ont pu aller se faire tester après le rassemblement de Lieuron n'ont sans doute pas mentionné leur présence sur place le soir du 31 décembre.

De plus, si l'on prend en compte que la population qui a assisté à la rave-party est vraisemblablement jeune et plus sujette aux formes asymptomatiques de la maladie, ceux qui auraient pu être positifs à la Covid-19 ne s'en sont sans doute même pas rendu compte. Enfin, les fêtards venaient de partout en France et même, pour certains, de l'étranger, avait indiqué la préfecture. Limitant ainsi toute chance de traçage.