Pass sanitaire étendu : les généralistes redoutent un pic des demandes d'arrêts maladie
Par Olivia Cohen
Alors que le pass sanitaire devient obligatoire pour exercer certaines professions, les médecins généralistes redoutent un afflux des demandes d'arrêt maladie et appellent à la vigilance.
"Docteur, vous pourrez me faire un arrêt ?" Les médecins généralistes redoutent une hausse des demandes d'arrêt maladie avant le 15 septembre 2021, seule échappatoire pour les professionnels concernés par le pass sanitaire qui ne souhaitent pas se faire vacciner. Depuis ce lundi 30 septembre, le pass sanitaire est obligatoire pour les salariés des établissements recevant du public (salariés, mais aussi prestataires, intérimaires, sous-traitants et bénévoles). Et à partir du 15 septembre, les personnels soignants devront, eux aussi, soit présenter un certificat de vaccination, soit un résultat de test négatif à la Covid-19, soit un certificat de rétablissement de moins de six mois.
Le syndicat MG France a donc appelé ses adhérents à la vigilance et les autorités à faire preuve d'indulgence dans un communiqué publié le jeudi 26 août. "Le ministère et l'Assurance Maladie vont traquer les arrêts maladie de complaisance, réalisés quand des salariés des secteurs d'activités recevant du public, refusant la vaccination obligatoire, en subiraient des conséquences professionnelles. Les médecins généralistes seront certainement sollicités pour ces demandes qui pourraient se multiplier", avertit le syndicat.
Peut-être qu'on sera amené à passer des contrats "ok, on vous arrête une semaine mais vous vous engagez dans la vaccination !"
"Placés dans cette situation pour le moins inconfortable et délicate, car de véritables arrêts de travail peuvent se justifier dans de rares cas, les médecins généralistes pourront compter sur le soutien de MG France s'ils sont injustement menacés, soit par des patients mécontents voire agressifs, soit par les autorités", écrit encore l'organisation.
Des généralistes sous pression
C'est le calcul que font certains patients : se faire arrêter plutôt qu'être suspendu. Le docteur Margot Bayart, médecin généraliste dans le Tarn, à Réalmont, et vice-présidente de MG France, l'a constaté dans son cabinet : "Mon associée a été sollicitée il y a une quinzaine de jours par une personnel de santé qui ne voulait pas se faire vacciner, elle lui a dit : 'à partir du 15 septembre, est-ce que vous me ferez un arrêt ?'. Mon associée lui a répondu 'Bah non, non, ce n'est pas possible !'"
Dans ces cas-là, raconte le docteur Bayart, il faut se montrer rassurant, pour tout doucement faire changer d'avis sur le vaccin, mais le patient est souvent stressé, car s'il ne peut pas travailler, il va perdre son salaire. Jusqu'au 15 septembre, les généralistes seront donc sous pression : "Peut-être qu'on sera amené à faire de la pédagogie, à passer des contrats du type 'ok, on vous arrête une semaine mais vous vous engagez dans la vaccination !'"
On ne veut pas être le bouc émissaire traqué par l'Assurance Maladie de façon outrancière !
Des situations complexes que les médecins vont devoir examiner au cas par cas, alors il ne faut pas en plus que l'Assurance Maladie soupçonne les généralistes de signer des arrêts de complaisance, résume le docteur Jean-Louis Bensoussan, vice-président du syndicat MG France : "On a un peu l'impression d'être entre le marteau et l'enclume, on ne veut pas être le bouc émissaire traqué par l'Assurance Maladie de façon outrancière !"
Le docteur Bensoussan rappelle que le syndicat MG France s'est mobilisé en faveur de la vaccination et que les généralistes qui signeraient des arrêts maladie ne pourront en aucun cas être accusés de freiner la campagne vaccinale.