
L'ex-épouse de Jérôme Cahuzac s'est enfin exprimée à la barre. Dans une audience tendue entre les ex-époux, elle assume bien avoir omis de déclarer une partie de ses honoraires.
Patricia Cahuzac se tient bien droite à la barre, les mains jointes. Elle raconte sa rencontre avec son mari pendant leurs études de médecine, son installation comme dermatologue, à domicile, pour s’occuper de leurs trois enfants. Courant 1996, "mon mari me dit : 'la médecine m’ennuie horriblement, il n’y a que la politique qui me passionne'. J’ai accepté de travailler avec lui en chirurgie capillaire. Moi, couper la peau ou quoi que ce soit, ça ne me pose aucun problème" rit-elle.
Elle a des accents un peu gouailleurs, son ton est direct. Patricia Cahuzac assume avoir ouvert en 1997 un compte sur l’île de Man, pour encaisser une partie de l’argent des patients anglais, à part égale avec son mari, sans payer d’impôts. "Bien sûr, on était conscients de l’illégalité de ça. Mais, sous-entend elle, ça se pratiquait, chez les chirurgiens esthétiques, chez les dentistes". Rires dans la salle. "En plus, on avait aucune nécessité de faire ça, reconnaît elle ingénument, on avait des revenus suffisants".
"Je ne me cherche pas d'excuses"
A partir de 2007, c’est seule, à l’insu de son mari, qu’elle ouvre un compte en Suisse. "Je sais bien que c’est idiot", dit-elle_. "Je m’étais aperçue que mon mari me mentait. J’étais déstabilisée, je voulais constituer une cagnotte, si je me retrouvais seule avec les enfants. Mais je cherche pas du tout d’excuses"_ se défend-elle.
"Je me disais : qu’est ce que tu fais avec tes comptes à l’étranger ? Je savais que ça s’arrêterait un jour". Avant de tout dire aux enquêteurs, fin 2013, elle avait tout de même amassé la coquette somme de 2,7 millions d’euros.
Le ton saccadé, solennel de Jérôme Cahuzac tranche avec le naturel de son ex-femme. "Je ne me suis jamais occupé de ce compte de l’île de Man. Je pensais n’avoir qu’une procuration... Et puis en 2003, ma femme m’a dit qu’il n’y avait plus rien sur ce compte". Il dit n’avoir jamais voulu divorcer, parle avec des tremblements dans la voix de la "mère exceptionnelle", de "l’épouse formidable" qu’elle était. "Mais elle m’a menti", cingle-t-il.
"Je n’ai jamais voulu le spolier ", répond-elle. Le ton reste courtois, leurs versions, irréconciliables. Comme s’il était toujours impossible de démêler, dans cette affaire de fraude fiscale et de blanchiment, ce qui relève des déchirures d’un couple.
L'audition de Patricia Cahuzac se poursuit ce mardi, le procès se tient jusqu'au jeudi 15 septembre