Patrick Balkany demande sa remise en liberté : "J’ai besoin d’un peu d’humanité"
Par Jean-Philippe Deniau
Incarcéré depuis le 13 septembre dernier suite à sa condamnation pour fraude fiscale (quatre ans de prison ferme), le maire de Levallois-Perret était présent ce mardi devant la cour d'appel de Paris qui statue sur sa première demande de mise en liberté. La décision sera rendue le 28 octobre. Récit de l'audience.
Visiblement fatigué, affaibli, Patrick Balkany entre dans le box avec un pull gris clair sur une chemise blanche, pull qu’il finira par retirer tellement il a chaud. "Il a considérablement maigri", insiste son avocat Eric Dupond-Moretti, ne souhaitant pas s’appesantir sur les problèmes de santé de son client "car tout ce qui concerne M. Balkany arrive dans la presse", regrette-t-il.
C’est le maire de Levallois qui évoquera lui-même son "épuisement" en détention, avec une colonne vertébrale qui le fait "atrocement souffrir", une suspicion de tumeur à la vessie, des soucis de tension. "Hier, je suis sorti pour la première fois en promenade et au bout de trois minutes, j’ai failli tomber dans les pommes", relate Patrick Balkany.
Mais pour le parquet général, la détention provisoire de Patrick Balkany ne peut être interrompue maintenant puisque le tribunal correctionnel a lui-même établi dans son jugement prononcé le 13 septembre dernier qu’il "pourrait se soustraire à la justice" avant son procès en appel, prévu du 11 au 18 décembre prochain. Et ce risque est d’autant plus lourd qu’il a depuis été condamné une seconde fois encore plus lourdement, insiste le magistrat. Quant à son âge ou son état de santé, "rien n’indique une incompatibilité avec la détention", conclut l’avocat général, en admettant que la cour pourrait néanmoins ordonner une expertise médicale pour en avoir le cœur net.
"Il faut que je prépare ma succession"
En défense, Me Dupond-Moretti plaide que cet homme de 71 ans n’a rien à faire en prison, qu’il n’y a aucun risque de fuite. "Ça n’a aucun sens", s’énerve l’avocat. "Sa vie est ici, sa maison est ici, sa femme est ici, sa famille est ici, son chien est ici, et son passeport est entre les mains de la justice. On invente une suspicion de risque de fuite à l’étranger parce qu’il aurait de l’argent caché quelque part ? Stop ! C’est du fantasme pur."
Le président demande à Patrick Balkany ce qu’il ferait s’il était libéré, comment il vivrait. "Je finirais mon mandat, je ne suis pas sûr du tout de me représenter. Mais si j’allais à l’élection, ce serait pour un an. Il faut que je prépare ma succession", indique le maire de Levallois-Perret, en précisant à la cour que ses revenus sont aujourd’hui de 10 000 euros par mois et autant pour son épouse. "J’ai besoin d’un peu d’humanité", conclut-il.
La cour d’appel de Paris rendra sa décision lundi 28 octobre à 13h30. Mais quelle qu’elle soit, Patrick Balkany restera en prison, puisqu’il est aussi sous le coup du mandat de dépôt prononcé lors de sa seconde condamnation dans le volet "blanchiment", contre lequel il a également fait appel. Cet appel sera examiné lors d’une autre audience dans les semaines qui viennent.