Pédaler pour quasiment voler au-dessus de l’eau : c’est possible, on a testé

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Pédaler pour quasiment voler au-dessus de l’eau : c’est possible, on a testé

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Le JetCycle Max est un bateau à pédale qui permet de voler à 50 centimètres au-dessus de l'eau juste à la force des jambes.
Le JetCycle Max est un bateau à pédale qui permet de voler à 50 centimètres au-dessus de l'eau juste à la force des jambes.
- David Malacrida

Ils étaient partout cet été : les foils qui permettent de faire voler les planches à voile, les bateaux ou surfs. C’est l’une des révolutions majeures dans le monde du nautisme. Une nouvelle étape vient d’être franchie avec le lancement d’un pédalo volant : le JetCycle Max créé par une start-up d'Annecy.

Il faut tout de même quelques minutes pour prendre en main ce drôle de pédalo. Sur le petit ponton de la plage d’Angon, à côté de Talloires, sur la rive est du lac d’Annecy, quelques consignes sont indispensables, une fois monté à bord de cette embarcation de 3m50 de long : comment rester stable, notamment quand un léger clapot déforme la surface du lac ? À quoi servent les deux manettes sur les côtés ? Le grand secret se trouve sous la coque : des foils lui permettent de s’élever au-dessus de l’eau. 

"Quand vous atteignez une certaine vitesse, 9 km/h à peu près, vous avez le nez qui commence à piquer et à s’enfoncer dans l’eau", explique Nicolas Picard, le patron de JetCycle, une start-up de Chavanod, à côté d’Annecy qui a développé ce projet. "C'_est à ce moment qu’il faut activer la manette et là, vous commencez à cabrer. L’arrière de l’embarcation se lève. Vous êtes sur les foils, vous êtes en l’air à 50 centimètres au-dessus de la surface de l’eau. Avec votre manette, vous gérez votre altitude de v_ol."   

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Ce sont les foils de carbone qui permettent à cette embarcation de s'extirper de l'eau.
Ce sont les foils de carbone qui permettent à cette embarcation de s'extirper de l'eau.
- David Malacrida

Qui dit pédalo, dit propulsion à la force des jambes. Un pédalier spécialement conçu pour ce bateau est installé. "Vous êtes en position semi-couché et là, vous pédalez comme sur un vélo", complète Nicolas Picard. "Vous tournez à une fréquence de pédalage qui est assez constante, autour de 80-85 tours par minute. Ça veut dire qu’on mouline plutôt pas mal."

Presque dix ans de conception

Pédaler pour voler : les sensations sont souventes étonnantes, y compris pour les habitués du lac. "Une fois qu’on vole, c’est assez intéressant", constate Laurent, un membre du club de voile de Sevrier, sur les bords du lac d’Annecy qui vient de tester l’engin. "On a vraiment l’impression d’être au-dessus de l’eau et ça c’est nouveau. J’ai toujours l’image, quand j’étais gamin, du film le Petit Baigneur avec le vélo sur la planche et je trouve ça marrant.

Ce pédalo à foils a été imaginé au début des années 2010. Plusieurs années de recherche et développement ont été nécessaires pour le mettre au point en collaboration avec l’université Savoie Mont-Blanc. "L’idée au départ, c’était de faire des compétitions avec un pédalo", raconte Christophe Déprés, enseignant-chercheur à l’université haut-savoyarde.

Un pédalo classique, c’est très lent avec une vitesse maximum de 4km/h. On s’est dit qu’il fallait redynamiser cette machine pour voir ce qu’il est possible de faire. On a fait évoluer les foils pour pouvoir avoir le meilleur décollage et la meilleure vitesse de pointe.

Le grand public a pu tester sur le lac d'Annecy ce nouvel engin volant en attendant la production à grande échelle à partir de l'an prochain
Le grand public a pu tester sur le lac d'Annecy ce nouvel engin volant en attendant la production à grande échelle à partir de l'an prochain
- Louis Nauche

Avec un bout de carbone, ces "bateaux à pédales" comme les appelle Nicolas Picard approchent les 15-17 km/h. Les foils ont révolutionné le monde de la glisse. Les planches, courtes, longues, les bateaux, petits et grands : tout ce qui flotte peut voler. Kevin Festocq est le gérant de la société Loke Composite, basée à Saint-Malo. C’est elle qui fabrique les foils de ces JetCycle Max. "Il y a six ans, les foils existaient déjà mais cette technologie n’était pas du tout accessible au grand public", se souvient le jeune patron. "Depuis cinq ans, les foils ont beaucoup évolué. Les mentalités aussi ont beaucoup évolué parce que les gens pensaient que c’était dangereux, que c’était compliqué pour eux. Pour les gens qui font un sport nautique depuis vingt ans, c’est un renouveau de leur sport."

Jusqu’où ira-t-on dans ce vol ? Sans doute très loin mais il y a une limite pour selon certains. "À un moment donné, on va être bloqué par les matériaux, par notre capacité à faire des foils encore plus fins", assure Nicolas Goyard, champion du monde de IQ foil, la nouvelle planche à voile volante_. "On ne va pas pouvoir non plus dépenser des dizaines de milliers d’euros pour un simple foil. On pourra faire plus mais ça commence à faire cher pour ce que c’est."_ 

Le lancement à grande échelle du JetCycle Max à 12 000 euros pièce (hors-taxe) va bientôt démarrer dans les ateliers de la société à Chavanod en ciblant d'abord les bases et les clubs nautiques. Avec déjà d’autres idées en tête pour son patron Nicolas Picard, plutôt discret sur le sujet pour l’instant. Mais pourquoi pas un jour un tandem volant !