35 ans après la chute du régime des Khmers rouges, ses deux plus hauts dirigeants des Khmers rouges encore en vie ont été condamnés à la prison à perpétuité. Le verdict a été accueilli par des larmes et des applaudissements. Les deux hommes, âgés de 88 et 83 ans, ont été reconnus coupables de "crime contre l'humanité". Ils ont fait appel de ce jugement.
A l'énoncé du verdict qui les a reconnus "coupables des crimes contre l'humanité, d'extermination, de persécution politique et d'autres actes inhumains", les deux accusés n'ont pas manifesté la moindre émotion. Le tribunal, parrainé par l'ONU, a condamné Nuon Chea, 88 ans, considéré comme l'idéologue du régime, et Khieu Samphan, 83 ans, le chef de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" (le nom du régime des Khmers rouges).
Après deux ans d'audience, l'accusation avait recquis la prison à vie contre les deux accusés en octobre dernier. Il s'agit de la peine maximale que pouvait prononcer le juge. Le tribunal a exclu la peine de mort des verdicts potentiels dès sa création en 2006. Emprisonnés depuis 2007, Nuon Chea et Khieu Samphan ont toujours nié les accusations retenues contre eux.
Ecoutez les explications de Jérôme Boruszewky
Prison à vie pour deux ex-dirigeants des Khmers rouges.
1 min
Un procès en deux parties
Cette condamnation n'est que l'aboutissement de la première phase d'une procèdure plus large. Pour être certain d'obtenir un verdict avant la mort des deux hommes, leur procès a été divisé en deux parties. L'issue de ce premier procès ne concerne que les déplacements forcés de population par les Khmers rouges. Ils avaient notamment fait évacuer Phnom Penh, la capitale cambodgienne, en avril 1975. Deux millions de personnes avaient alors du quitter leur foyer et survivre dans des conditions désastreuses.
La deuxième phase du procès des deux hommes a débuté en juillet dernier. Elle doit couvrir d'autres crimes contre l'humanité ainsi que les accusations de génocide contre les Vietnamiens et la minorité musulmane des Chams, les mariages forcés et les viols commis dans ce cadre. Ce second procès concerne également les crimes perpétrés dans plusieurs camps de travail et dans des prisons.
L'invité du 13h était Bruno Carette, grand reporter et réalisateur du documentaire "Khmers Rouges Amers"
Quatre accusés en début de procès
A l'ouverture symbolique du procès en juin 2011, avant son découpage en plusieurs volets, quatre anciens responsables étaient dans le box des accusés. Mais la ministre des Affaires sociales du régime l eng Thirith, considérée inapte à être jugée pour cause de démence, a été libérée en 2012. Son mari Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères, est décédé l'an dernier à 87 ans.
Le tribunal a souvent été critiqué pour ses lenteurs. Il n'a rendu jusqu'à présent qu'un seul verdict définitif, contre Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison de Phnom Penh S-21, ou Tuol Sleng. 15.000 personnes y ont été torturées avant d'être exécutées en dehors de la ville. Douch a été condamné en appel en 2012 à la prison à perpétuité. Pol Pot, le leader des Khmers rouges, appelé le "frère numéro un", est mort en 1998 sans avoir été jugé. Son régime a fait près de deux millions de victimes au Cambodge entre 1975 et 1979, soit un quart de la population cambodgienne de l'époque.
►►► POUR EN SAVOIR PLUS | Le site de Bruno Carette