Dans son rapport, présenté ce jeudi à Ségolène Royal, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, dénonce un usage en augmentation et un danger sous-estimé pour la profession
Les agriculteurs, malades des pesticides ? Ici et là des études pointent le danger pour la profession, mais sans qu'on ait un aperçu global et fiable de la situation. Pour y voir plus clair, l'Anses, l'Agence nationale de sécurité sanitaire, s'est auto-saisie du sujet et a rendu au printemps un rapport, agrémenté de recommandations. Un rapport qui sera présenté jeudi après-midi à la ministre Ségolène Royal et qui montre à quel point l'usage des pesticides progresse, et à quel point le danger de l'exposition des travailleurs agricoles n'est pas pris en compte.
En France, agriculteurs et travailleurs agricoles, réguliers ou saisonniers, sont plus d'un million. L'agriculture française, première d’Europe, est aussi une grande mangeuse de pesticides : 60.000 tonnes consommées en 2014. C'est 5% de plus qu'en 2009, avec des doses toujours plus massives, et donc des très gros soupçons de liens avec le cancer, les maladies neuro-dégénératives et les troubles du développement. Des soupçons mais finalement pas d'enquête globale, déplore l'Anses. Pas d'évaluation du risque et pas de guide de bonnes pratiques.
Pour l'agence, on ne peut évidemment pas s'en tenir aux seules informations fournies par les industriels, forcément réductrices. Il faut donc, d'urgence, produire des données fiables, encourager la production d'enquêtes indépendantes de toxicité et centraliser ces informations pour qu'elles deviennent lisibles et accessibles. Etre plus sévère aussi avant toute mise sur le marché de niveaux produits.
Dans le même temps, l'Anses recommande de mieux former les agriculteurs aux dangers de l'exposition, mais surtout de limiter l'emploi des pesticides. De fait, des programmes de réduction sont prévus en France mais l'agence constate que ces plans visent d'abord à protéger l'environnement et à limiter les résidus dangereux dans le produit final, pas forcément à protéger l'agriculteur. Un produit moins dangereux pour l'environnement peut se révéler dit-elle plus dangereux pour l'homme qui le manipule.