Andrzej Wajda : "L’homme de Cannes"

Sean Connery, Krystyna Zachwatowicz et Andrzej Wajda réçoivent la Palme d'Or au 34ème Festival de Cannes en 1981 pour le film "L'homme de fer"
Sean Connery, Krystyna Zachwatowicz et Andrzej Wajda réçoivent la Palme d'Or au 34ème Festival de Cannes en 1981 pour le film "L'homme de fer" ©AFP - Ralph Gatti
Sean Connery, Krystyna Zachwatowicz et Andrzej Wajda réçoivent la Palme d'Or au 34ème Festival de Cannes en 1981 pour le film "L'homme de fer" ©AFP - Ralph Gatti
Sean Connery, Krystyna Zachwatowicz et Andrzej Wajda réçoivent la Palme d'Or au 34ème Festival de Cannes en 1981 pour le film "L'homme de fer" ©AFP - Ralph Gatti
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Comment le père de "l’homme de marbre" et de" l’homme de fer" devient l’homme de Cannes.

Avec

Affaires sensibles, la fiction : Auourd’hui Andrzej Wajda : « L’homme de Cannes ».

Une émission proposée par Christophe Barreyre

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Écrite par Jean-Pierre Thiercelin

Réalisée par Michel Sidorov.

Né en 1926 à paris, Andrzej Wajda restera pour l’éternité celui qui fixa sur la pellicule, mélangeant fiction et images documentaires, la grande contestation ouvrière en Pologne, en 1970 et en 1981, deux épopées qui, on le comprendra plus tard, constitueront les premières brèches dans le glacis communiste.

En mai 1977, Wajda sort « L’homme de marbre » qui met à terre le mythe de l’ouvrier communiste méritant, du héros prolétarien polonais, sur le modèle stakhanoviste soviétique qui en prend pour son grade. Avec ce film, il impose son style et obtient le prix de la critique internationale.

En mai 77, le film est montré à Cannes. Devant le monde entier, un cinéaste du bloc de l’Est montre la réalité de son pays et du système qui le gouverne et l’écrase. Quelques mois plus tard, un pape polonais est élu… Sept ans plus tard, Michael Gorbatchev s’installe au pouvoir à Moscou et desserre l’étau.

Entre-temps, Wajda signe le deuxième volet de sa trilogie : « L’homme de fer » qui raconte l’histoire d’un étudiant qui s’engage sur les chantiers navals de Gdansk, en aout 80. L’affaire est sensible, très sensible, car cette fois, le pouvoir polonais tremble sur ses bases, Moscou aussi ! Wajda s’inscrit dans l’Histoire en marche.

Mais comment faire passer le rideau de fer à l’homme du même nom ? Gilles Jacob, déjà délégué général du festival trouve la solution, Car il faut le montrer à l’Ouest ce film ! Ce sera sa force.

C’est cet épisode que raconte la fiction d’aujourd’hui : le subterfuge de Jacob : un faux titre pour passeport : Le film passera la frontière sous le titre anodin, estampillé film de l’ouest « J’irai cracher sur vos tombes ».

C’est ainsi que le père de l’homme de marbre et de l’homme de fer devient l’homme de Cannes !

Extrait du scénario

Séquence 4

Voix off : 21 h 30. Bureau de Gilles Jacob. Palais du festival

Conversation en cours, au téléphone avec Andrzej Wajda.

Gilles Jacob : Voilà, mon cher Andrzej, vous savez tout ou presque de cette projection magnifique... Notre seul regret aura été votre absence mais nous nous rattraperons bientôt. C’est promis !

Andrzej Wajda : Voix dans le téléphone. Je viendrai vous voir quand le film sortira en France... Je suis très curieux de voir la réaction de la jeunesse. J’ai fait ce film pour la jeune génération, vous savez... Celle qui s’interroge sur le poids des non-dits de ces 30 dernières années. Ces jeunes veulent connaître l’histoire de leurs pères. C’est normal ! Ils veulent prendre leur destin en main... Il est légitime de s’interroger ! En France, vous commencez tout juste à vous intéresser au régime de Vichy... L’Histoire officielle, on la retrouve partout !

Gilles Jacob : Votre regard sur l’Histoire et la politique, c’est aussi le regard du cinéaste...

Andrzej Wajda : Le cinéma doit dire la vérité ! Mais il faut trouver le langage pour la dire, cette vérité. C’est parfois long et difficile... Mais on y arrive !... Je viens de terminer « Le chef d’orchestre » avec John Gielgud... Quel acteur merveilleux !... Mais il est évident que, parler de conflits entre les musiciens et leur chef, c’est aussi parler de la Pologne... Et je suis sûr que le public le comprendra tout de suite !...

Gilles Jacob : Vous restez toujours un grand optimiste ?!...

Andrzej Wajda : Plus que jamais ! Sinon, comment aurais-je fait pour tourner autant de films en dépit de notre régime politique...

Gilles Jacob : Vous ne voulez toujours pas venir tourner chez nous, comme vos amis Polanski ou Zulawsky ?... Vous savez que vous êtes attendu !...

Andrzej Wajda : C’est très gentil !... Mais non, pas pour le moment... Je ne divorce pas avec mon pays. Je ne suis pas un dissident. Vous venez de projeter « l’homme de marbre », alors vous savez que ça ne m’empêche pas de le critiquer... Mais cette critique, je tiens à la faire de l’intérieur !... Et vous n’ignorez pas que chez nous la situation est très inquiétante... La situation économique, tout particulièrement... S’il se passe des choses, je tiens à être là.

Gilles Jacob : Comme citoyen et comme cinéaste ?...

Andrzej Wajda : Absolument ! Vous savez, tourner « l’homme de marbre », ça donne des responsabilités... Ici le public attend quelque chose...

Notre invité Laurent Delmas

Laurent Delmas
Laurent Delmas
© Radio France - Christophe Abramowitz

Laurent Delmas, co-producteur avec Christine Masson de l émission « on aura tout vu » , tous les samedis sur France Inter à 10 heures.

Le scénariste Jean-Pierre Thiercelin

Le scénariste Jean-Pierre Thiercelin
Le scénariste Jean-Pierre Thiercelin
© Radio France - Christophe Barreyre

Auteur, comédien et homme de théâtre, il a navigué dans les différents univers du théâtre, public ou privé, mais a aussi longuement vécu l’aventure d’une compagnie, Le théâtre sur la place. Une aventure théâtrale populaire exigeante qui le mènera à l’écriture. Auteur, il écrit régulièrement pour la radio. Au théâtre, ses pièces sont éditées aux éditions de l’Amandier. Sa dernière pièce Marie-Claude, autour de la personnalité de Marie-Claude Vaillant-Couturier vient d’être créée à Avignon. Il a déjà écrit des fictions pour l’émission Affaires Sensibles, à France Inter : Les vacances de Jacques Tati, Pierre Brossolette, le soutier de la gloire et Léo Ferré, la musique insurgée. Cofondateur, avec Philipe Alkemade et Philippe Touzet de BAT-Le Billet des Auteurs de Théâtre, revue mensuelle des écritures théâtrales contemporaines sur internet, il collabore également à la revue Cosmopolis. Il est vice-président des EAT - Ecrivains Associés du Théâtre.

Générique

C’était Andrzej Wajda, l’homme de Cannes

de Jean-Pierre Thiercelin

Andrzej Wajda : "L’homme de Cannes"
Andrzej Wajda : "L’homme de Cannes"
© Radio France - Christophe Barreyre

Avec

  • Arnaud Bédouet : Gilles Jacob
  • Olivier Peigné : Tony Molière
  • Victor Ponomarev : Andrzej Wajda
  • Brigitte Lecordier et Christelle Reboul : les fils de Gilles Jacob
  • Lara Brühl : la journaliste
  • Anton Yakovleff : Jerzy Raziwillowicz
  • Samuel Charle : le projectionniste
  • Eric Hémon : le journaliste de France Inter
  • Et les voix de : Cécile Arnaud, Elodie Vincent, Madeleine Mainier, Aurélien Osinski, Stéphane Szestak, Bertrand de Roffignac, Matisse Bonzon, Lionel Mur et Matthieu Rauchvarger
  • Prise de son, montage et mixage : Eric Boisset, Antoine Viossat
  • Bruitages : Elodie Fiat
  • Assistante à la réalisation : Julie Briand
  • Réalisation : Michel Sidoroff

Documentation

Programmation musicale:

  • Kate BUSH "Army dreamers"
  • RAG'N BONE MAN "Human"

L'équipe