- Sophie Chauveau Ecrivaine, journaliste et metteuse en scène
Au jourd’hui dans Affaires sensibles , l’affaire du "Sang contaminé". Une affaire qui nous replonge dans les années noires de la première crise sanitaire française en plein milieu des années 1980 . Le sang, l’argent, la morale, la vie, la mort, des victimes souvent très jeunes… tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette affaire un scandale d’état, pire encore un scandale moral ! Moral… car toute cette affaire résulte d’une faute. Une faute des autorités sanitaires dans leur gestion et leur contrôle des pratiques de la transfusion sanguine au début des années 1980 en France.
Les années 1980, ces mêmes années où le monde de la santé, dans les pays développés, pensait pouvoir désormais tout vaincre. Rien ne semblait en effet alors pouvoir résister aux pouvoirs des médecins et aux remèdes développés par les chercheurs… à la toute puissance de leurs plans de préventions et de leurs outils thérapeutiques… C’était pourtant sans compter sur une maladie d’un genre nouveau qui allait devenir la pire ennemie de la médecine moderne, une ennemie que la science médicale n’arriverait pas à battre, pas plus hier qu’aujourd’hui : le SIDA.
Pendant plusieurs années, le SIDA va rester une maladie mystérieuse et contagieuse dont la science d’alors n’arrivera pas à percer les secrets. C’est ainsi qu’on va découvrir sur le tard, bien trop tard, que ce virus d’immunodéficience humaine pouvait se transmettre par le sang. Ce même sang qu’on échange lors d’une transfusion sanguine pour pouvoir soigner des maladies comme l’hémophilie. Malgré les inquiétudes des associations de patients et d’hémophiles, malgré l’augmentation des cas de SIDA chez ces populations considérées comme "non à risque", les autorités sanitaires de l’époque vont toujours prétendre contrôler la situation, que le danger en France n’existe pas ou plutôt qu’il ne peut pas exister en matière de transfusion : procédé qu’on va d’ailleurs réglementer à la hâte tant pour l’acte que pour son produit seulement en milieu d’année 1985.
Il faudra attendre cinq ans, pour qu’enfin, par voie de presse, à la fin du mois d’avril 1991, grâce aux investigations de la journaliste Anne-Marie Casteret, la vérité éclate enfin : des lots de sang contaminé (certains par le virus du SIDA) ont été sciemment distribués à des malades hémophiles lors de transfusions au cours de cette même année 1985. Résultat des comptes : la moitié de la population hémophile, soit plusieurs milliers de personnes, infectée par des maladies et plusieurs centaines de personnes contaminées, elles, par le virus du SIDA.
Trente ans plus tard… les souvenirs ne s’effacent pas dans tous les esprits à l’image de cette phrase symbole de l’affaire, aussi sinistre que révoltante : "responsables mais pas coupables".
Après le récit, nous donnerons la parole à notre invitée, Sophie Chauveau , professeure d’histoire et directrice de recherche à l’université de Technologies de Belfort-Montbéliard.
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