Salò ou les 120 journées de Sodome : l'enfer selon Pasolini

France Inter
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Avec
  • Hervé Joubert-Laurencin professeur en études cinématographiques à l'université de Paris Nanterre, codirecteur du département des arts du spectacle et de l'unité de recherches "HAR", traducteur et spécialiste de l’œuvre de Pier Paolo Pasolini

En 1975, à sa sortie, le film "Salò ou les 120 journées de Sodome" fait scandale, et crée une polémique d’ordre moral, politique et spirituel. Salò , c’est l’enfer selon Pier Paolo Pasolini, son réalisateur.

Extrait du film "Salo ou les 120 journées de Sodome", de Pier Paolo Pasolini
Extrait du film "Salo ou les 120 journées de Sodome", de Pier Paolo Pasolini
© Radio France

Pier Paolo Pasolini est un homme complet, poète, dramaturge, essayiste romancier et réalisateur, il a signé des films sans concessions tels que "Accattone", "Mamma Roma" et "Théorème". Cet artiste maudit est né dans une famille singulière : son père était officier fasciste, alors que sa mère était anti-Mussolini. Plus tard, il déclarera que sa seule idole était la réalité.

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Mais cela, c’était avant Salò , un autre temps, un autre combat, le désir pour Pier Paolo Pasolini, marxiste et homosexuel, de pousser, à travers son cinéma, l’homme à assumer son corps. Dans un contexte de lutte, il filme une pulsion de vie.

Mais c’était avant… avant la "Trilogie de la vie", de ses trois films, "Le Décaméron", "Les Contes de Canterbury", "Les Mille et une nuits". Pasolini filme la lutte, l’espoir, et va chercher dans les racines de l’histoire et de l’art les raisons d’espérer la victoire. Avant qu’il ne renie ses films, devenus à ses yeux inutiles, à une époque où la liberté sexuelle est devenue un leurre, où ce qu’il appelle "le pouvoir de consommation" et sa fausse tolérance, viole les corps innocents, asservit les vies privées.

Il veut désormais faire la démonstration du rapprochement entre rapports sexuels et rapports de classe. Depuis toujours déterminé à dénoncer les horreurs de la société bourgeoise de son siècle, il choisit donc d’adapter le marquis de Sade pour montrer que le sexe, dans notre société, devient un instrument de soumission. Pasolini ne craint rien ni personne, il attaque, dénonce et provoque…

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