L'Espagne malade de ses immunités

France Inter
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Il y a trop de personnes avec une immunité, tout simplement. J'imagine que Mme Barberá n'est pas d'accord parce que certains souhaitent garder cette immunité face aux problèmes de corruption. Mais nous ne sommes pas là pour satisfaire ceux qui ne veulent rien changer. Ils vont devoir assumer que les temps ont changé!.

Nous sommes à Madrid et vous venez d’entendre Albert Rivera, le chef de file de la nouvelle formation los Ciudadanos. Il fait partie de ceux qui sont pour la suppression des immunités, les aforamientos en espagnol. En effet, alors que les affaires de corruption fragilisent la politique espagnole depuis des années, les habitants découvrent ahuris que plus de 17 000 personnes, dont 2000 politiques disposent d’une immunité. Moins de chorizo, qui veut dire voleurs en langage de familier . Parmi eux: les actuels Rois et la princesse héritière, les Rois émérites, le chef du gouvernement et ses ministres, les sénateurs et députés nationaux et régionaux, et un long etc. Leur principal privilège: s'ils commettent un délit ils seront jugés par un tribunal spécial, contrairement au commun des mortels. Un privilège qui est de plus en plus contesté par l'opinion publique alors que la crise politique en Espagne ne parvient pas à se résoudre. Un reportage de Marie-Hélène Ballestero

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Je pense que c'est une honte que quelqu'un ne soit pas jugé comme les autres, simplement parce qu'il a une responsabilité politique. Ça ne devrait pas exister. Il faut enlever toutes les immunités. C'est tout, car ça n'a aucun sens. C'est une honte qu'à notre époque ces avantages existent encore. Ils sont super privilégiés!

en espagne, felipe vi a prêté serment
en espagne, felipe vi a prêté serment
© reuters

C'est un pays qui a vécu pendant 40 ans la parenthèse de la dictature. En 1978, les pères de la Constitution voulaient avant tout garantir l'espace de liberté des parlementaires pour qu'ils puissent agir. C'est à dire, que la politique s'est imposée à la voie judiciaire. C'est logique qu'il y a 40 ans cela se soit produit, mais ça n'a plus lieu d'être aujourd'hui. Et cela en plus permettrait de normaliser la perception que l'on a des hommes politiques, en contribuant à faire des hommes politiques des gens plus normaux. Toutes ces mesures de prévention propres à une période très précise, celle de la Transition, devraient disparaître.