C’est le cadre général qui est important. Notamment la liberté des médias, le pluralisme, le règne de la loi, l’indépendance de la Justice… C’est cela que nous entendons par les valeurs européennes, les principes européens…
Le 10 novembre, en visite à Tbilissi, la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini envoyait un message clair aux autorités de la Géorgie, ex-république soviétique qui cherche à se rapprocher de l’Union européenne.
Ne tuez pas Roustavi 2, a-t-elle dit en substance, la puissante télévision d’opposition.
Depuis cet été, un ancien propriétaire de la chaîne, réclame les parts dont il a été dépossédé en 2006.
L’opposition crie à la manipulation pour la faire disparaitre… comme en effet plusieurs représentants du gouvernement l’ont promis depuis 3 ans.
Reportage à Tbilissi, Régis Genté
Ici, je veux dire VIVE les combattants de la liberté. Ici, c’est le cœur de la Géorgie, ici dans cette cour du siège de Roustavi 2…
Zaal Oudoumachvili, présentateur vedette de la chaîne, use de sa notoriété pour mobiliser les Géorgiens.
Démunie, Roustavi 2 organise des concerts pour ramener du monde autour de ses studios, de peur que le gouvernement n’ordonne la prise de l’édifice.
Tenguiz, sans emploi, veille jour et nuit au siège de sa télé favorite :
Je défends la liberté d’expression, c’est tout. Le gouvernement veut la violer, c’est pour ça que je suis venu ici. C’est par Roustavi 2 que j’apprends ce qui se passe vraiment
Depuis sa création en 1994, Roustavi 2 a systématiquement fait l’objet d’attaques de la part des pouvoirs qui se sont succédés.
Aujourd’hui, l’homme d’affaires Kibar Khalvachi réclame les parts dont il aurait été dépossédé en 2006… lui-même étant devenu actionnaire deux ans plus tôt… de bien étrange façon.
Mais pour Irakli Sessiachvili, député de la majorité, ce n’est qu’une affaire commerciale.
C’est une question privée. Vous savez, entre 1994 et 2012, les actionnaires de Roustavi 2 ont changé 20 fois. Cette fois, une personne en appelle à la Justice parce qu’on lui a pris ses actions, sans lui verser d’argent pour cela .
Pourtant beaucoup d’ONG dénoncent les violations de la loi dans ce dossier, et sa politisation.
Dommage… en 2012, la république caucasienne a connu une transition démocratique.
Une rareté en ex-URSS… pas prête de se renouveler si Roustavi 2 ne devait plus être le haut-parleur de l’opposition…