Un projet immobilier aux abords de la plage de Valdevaqueros, en Espagne

France Inter
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plage de Valdevaqueros, Espagne
plage de Valdevaqueros, Espagne
© Chodaboy

Un questions-réponses réalisé avec Marie-Hélène Ballestero, en direct de Madrid, en Espagne

Il y a polémique en ce moment en Andalousie, les écologistes et pas seulement eux, contestent un vaste projet immobilier adopté par la mairie de Tarifa. Ce qui est en jeu, c’est la plage sauvage et paradisiaque de Valdevaqueros . Il faut dire qu’il est question de bâtir 350 maisons et un hôtel de 1400 places. Ce sont bien deux visions politiques et économiques qui s’opposent.

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On assiste à l'affrontement entre deux philosophies opposées. Tout d'abord, celle des écologistes et des citoyens qui souhaitent coûte que coûte protéger cette plage vierge, l'une des dernières de la côte espagnole. Valdevaqueros, dans la province de Cadix, est le royaume des passionnés de surf et de kite, mais aussi des amateurs d'oiseaux et de nature sauvage. Actuellement, il n'y a que quelques maisons, campings et petits hôtels. C'est ce qui fait le charme de cette plage sauvage, qui dispose d'un cordon dunaire unique en Espagne, à l'abri du tourisme de masse. Il faut dire que le projet de construction n'est pas nouveau. Depuis les années 90, les hommes politiques de Tarifa ont essayé de le développer. À l'exception de Izquierda Unida, le parti d'extrême gauche, tous ont appuyé le projet qui a été approuvé le 29 mai dernier par la mairie de Tarifa. Ce qui a provoqué l'indignation des citoyens et des écologistes qui sont tout de suite montés au créneau pour défendre cet espace naturel unique, qui est aussi un lieu de passage des oiseaux migrateurs. D'autant que d'après eux, la région est déjà remplie d'appartements qui ne se vendent pas depuis le début de la crise. Alors pourquoi en construire d'autres?

- Il faut rappeler que pendant des décennies, en Espagne, le tourisme de masse et la construction à outrance ont détérioré une partie des côtes. Et c'est justement ce que dénoncent les écologistes et un grand nombre d'Espagnols très mobilisés contre ce projet.

Depuis l'adoption du projet par la mairie de Tarifa, la mobilisation citoyenne n'a cessé de grandir à travers toute l'Espagne, et notamment grâce aux réseaux sociaux. Une plateforme citoyenne a été créée: "Sauvons Valdevaqueros". Sa page Facebook compte déjà plus de 18.000 membres et la campagne de soutien qu'ils ont lancé a recueilli près de 80.000 signatures. Bref, le bras de fer continue entre ceux qui veulent que le site de Valdevaqueros reste intact, à l'abri du tourisme de masse et de la spéculation immobilière qui sont, quand même, à l'origine de la crise espagnole. Et, au contraire, ceux qui à l'instar de la mairie de Tarifa affirment que le projet de construction est compatible avec la protection de l'environnement. À ce sujet, et contrairement à ce qui a été dit dans les médias au début, il n'y aura pas de construction sur la plage vierge, mais 700 mètres à l'arrière, de l'autre côté d'une route étroite où actuellement il n'y a que des champs d'herbes folles. En tout, 84.000 mètres carrés devraient être construits sur un terrain de 70 hectares. Une infime portion selon le Maire de Tarifa, Juan Andrés Gil, qui dénonce l'attitude des écologistes qui sont contre tout développement, alors que Tarifa a un taux de chômage de 40%!

- Ce sont bien deux approches différentes en temps de crise : protéger l'environnement ou bien développer le tourisme afin de créer des emplois. Que va-t-il se passer maintenant? Est-ce que le projet de construction va bientôt démarrer ?

C'est en tout cas ce que souhaite le Maire de Tarifa du Parti Populaire. Il espère voir son projet aboutir rapidement pour le bien de sa commune, affirme-t-il. En termes d'emplois, 800 postes pourraient être créés, grâce à ce complexe hôtelier. Sans parler des emplois nécessaires pendant la phase de construction. À la mairie de Tarifa, on se dit soucieux du respect d'un tourisme écologique durable, compatible avec un développement économique. Mais les opposants sont persuadés qu'il ne s'agit que d'un autre exemple de spéculation immobilière, comme il y en a eu tant d'autres dans ce pays. Pour l'heure, le projet a donc été approuvé. Le Maire espère que dans un an le complexe hôtelier sera une réalité, mais l'opposition n'entend pas se rendre. Le parti écologiste espagnol Equo a déjà fait savoir qu'il est prêt à porter l'affaire devant les instances européennes.

- Et peut-être donc une bataille juridique européenne pour préserver cette plage sauvage menacée par les constructions près de Tarifa en Andalousie.