L’improbable théorie complotiste dite du récentisme

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Récentisme : l’improbable théorie complotiste
Récentisme : l’improbable théorie complotiste
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Une théorie conspirationniste particulièrement improbable qu’on appelle le récentisme ou la Nouvelle Chronologie.

Oui c’est une théorie assez déroutante qu’on doit à un mathématicien russe de 76 ans, membre de l’académie des sciences de Russie, du nom d’Anatoli Fomenko et qui affirme que tout ce qu’on sait de l’histoire de l’antiquité est un vaste mensonge créé de toute pièce par des jésuites au 17e siècle. Alors Fomenko est convaincu que toute l’histoire antique de la Grèce, de Rome, de l’Égypte ou de la Chine est en fait des réécritures d’évènements qui se seraient déroulés beaucoup plus tardivement. L’Histoire avec un grand H ne commencerait selon lui qu’autour de l’an 1000 et tout ce qui précède ne serait qu’une fiction.

Sur quoi repose cette théorie dite du récentisme ?

Fomenko a développé dans 7 ouvrages sur près de 5000 pages une approche supposément mathématique de l’histoire avec des corrélations statistiques complexes autour de la succession de dates de différents évènements historiques. Et il en déduit que l’Empire romain, la Grèce antique et l’Égypte ancienne ont eu lieu durant le moyen âge. Et surtout il explique avoir découvert que toutes les anciennes civilisations ont en fait une seule et même origine : qu’il appelle l’empire de la Horde Russe, un empire eurasien qui aurait colonisé la planète et dont la capitale serait Moscou. Et tout découlerait de là. Il affirme par exemple que les pyramides ont été construites il y a 600 ans par des colons russes, ou encore que Jésus serait né en 1152 en Crimée et s’appellerait en fait Andrey Bogoliubsky.

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Et cette théorie loufoque semble dites-vous avoir un certain succès en Russie.

Oui parce que tout son dispositif repose sur l’idée que le peuple russe est au centre du monde, qu’il est au cœur de toute la civilisation humaine. Et c’est une idée qui entre en résonance, avec un pays qui vit douloureusement son déclassement après la chute de l’empire soviétique. J’en veux pour preuve le fait que les bouquins de Fomenko se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires en Russie. Et ça dit quelque chose de cette nostalgie russe pour sa gloire passée. C’est un symptôme d’un pays qui cherche à retrouver sa place sur la scène internationale, quitte à instrumentaliser l’Histoire telle qu’on la connait, et que Poutine incarne plutôt bien à sa manière, on le voit notamment avec la crise ukrainienne actuelle. Et je termine là-dessus, ce révisionnisme historique du récentisme s’exporte aussi en dehors de la Russie. On le retrouve chez nous, relayé par des individus qui gravitent essentiellement autour des milieux complotistes d’extrême droite pro-Poutine, et notamment des proches d’Alain Soral.