

"Minus et Cortex", c'est un peu une fable de notre existence, car on est tous définis par des étiquettes ou par des labels.
Je viens de faire une de mes meilleures saisons théâtrales - ever ! Une saison qui a commencé pour mon nouveau spectacle le lundi 12 octobre 2020 à 21 heures, et qui s'est donc achevée le 14 octobre à 20 heures avec l'annonce du couvre feu par Emmanuel Macron. Je totalise donc le joli palmarès d'UNE SEULE représentation. J'ai eu le nez fin pour lancer un nouveau spectacle, le sens du timing, l'art et la manière de bien choisir son moment. Moi, je suis le genre de mec qui se retrouve en Sibérie et qui se dit "Tiens, si je vendais des climatiseurs". Oui, un con, c'est , ça.
Alors après ma première, je me disais "1h55, c'est un peu long, faudrait que je coupe un peu mais où ?" Eh bien, Emmanuel Macron a choisi pour moi : il a tout coupé. Emmanuel Macron, c'était un rabbin atteint de la maladie de Parkinson. Il coupe, mais trop court. Si Macron était un esthéticien, tu viens pour une manucure, tu repars, t'es Philippe Croizon.
Alors évidemment, devant la nouvelle, comme de nombreux Français, j'ai laissé s'exprimer une colère sûrement mauvaise conseillère. Je me suis posé la question de la pertinence de ce couvre feu à 21h. Pourquoi 21h ?
Car en effet, si je comprends tout à fait la nécessité d'endiguer la progression du covid en France, j'avoue comprendre beaucoup moins pourquoi il me serait autorisé d'aller manger dans un restaurant pendant ma pause déjeuner, mais pas passées 21 heures. Est-on sûrs que le covid a bien des horaires de nuit ? Et si oui, dois-je continuer de vous fréquentez, vous Mathilde Munos, qui venez ici dès minuit !
Habitué en plus à voyager chaque matin pendant 1h15 dans le RER face à des concitoyens qui, des fois, mangent des cacahuètes, le masque baissé sur le menton ou à prendre le TGV comme la semaine dernière, quand j'ai joué à Antibes dans des compartiments où mes concitoyens dégustent un sandwich du wagon bar payé en 3 fois, sans frais. Eh bien, il m'est difficile de comprendre en quoi ma sécurité sanitaire serait finalement moins menacée là-bas, dans un wagon de jour qu'à la nuit tombée.
Mais ça, voyez-vous, je l'ai réalisé à l'aide d'internautes bienveillants, ce sont des questions que je me pose uniquement parce que je suis con. Et oui, je vous l'ai dit, il y a consensus sur le sujet. Il ne faut jamais oublier d'où l'on parle dans le grand ordre des choses. C'est vrai que moi, ce n'est pas mon rôle d'être celui qui réfléchit. Moi, mon rôle, c'est de parler de Princesse Sarah ou de Superman sur un créneau horaire habituellement dévolu à Daniel Morin, c'est dire si les attentes ne sont pas élevées.
C'est précisément ce que m'a appris un dessin animé qui s'apprête à revenir sur nos écrans : Minus et Cortex, les célèbres souris cobayes de laboratoire qui, à chaque épisode, tentaient de conquérir le monde. "Minus et cortex", c'est un peu François Bayrou et Nicolas Dupont-Aignan à la présidentielle en fait. Les souris mégalomanes seront bientôt de retour pour mon plus grand bonheur, au mois de novembre, dans une toute nouvelle saison des Animaniacs sur les écrans américains.
En fait, j'ai fait des enfants juste pour disposer d'un alibi pour pouvoir continuer de les regarder. Et pour moi, "Minus et Cortex", c'est un peu une fable de notre existence, car on est tous définis par des étiquettes ou par des labels.
Cortex : le génie : Minus : l'abruti.
Dès le début, on sait que Cortex va être le cerveau, tandis que Minus sera les jambes et les bras. Et très souvent, j'ai remarqué que dans la vie de tous les jours, on ne va pas au-delà de ce qui est marqué sur l'étiquette. Car au fond, est ce que Minus est réellement un abruti ? Dans la série, il a pourtant l'air plus candide que bête. Et est-ce que Cortex est si brillant que cela, vu qu'il échoue à chaque épisode ? On pourrait s'interroger sur son génie. Dans "Le dîner de cons", qui est le con : Jacques Villeret ou Thierry Lhermitte ? Quand j'écoute Bernard-Henri Lévy ou Alain Finkielkraut s'exprimer, s'il n'y avait pas écrit philosophe à côté de leurs noms, est-ce que je me dirais "Tiens, j'ai affaire à de vrais penseurs" ou "Tiens, voilà un gars pas beaucoup plus doué que moi qui sort des trucs que j'aurais pu entendre au café avant 21h".
L'étiquette sous laquelle on vous présente détermine l'image que les gens vont avoir de vous. Moi, par exemple, en tant qu'humoriste de France-Inter, je suis forcément un islamo-gauchiste végan, qui vit grassement sur le dos de l'argent public, alors qu'en fait, j'adore manger des steaks tartares avec un bon verre de Bourgogne en écoutant un discours de François Asselineau nu sous peignoir noir avec des bougies senteur lavande. Comme quoi les étiquettes nous enferment.
Et si le monde se divise en deux catégories, les "Minus" et les "Cortex", ceux qui ne savent rien et ceux qui pensent tout savoir, il ne faut jamais oublier qu'à la fin de l'épisode, Minus et Cortex se retrouvent toujours au même endroit, enfermés dans la même cage.
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