“X-Files, aux frontières du réel” (1993-2002). Ensemble, on reviendra sur la création de cette série, son ton, ses thèmes, ses acteurs, et en quoi elle a marqué son époque. Nous parle-t-elle encore aujourd’hui ? Y a-t-il eu un successeur à “X-Files” ? Allez, on part sur l’autoroute des phénomènes inexpliqués !
- Thomas Wachnicki spécialiste en fan studies
- Iris Benoit monteuse-truquiste
- Benoît Lagane Rédacteur, éditorialiste
- Séverine Barthes maîtresse de conférences à Paris III, spécialiste des séries
Mulder et Scully, les deux agents du FBI les plus connus du petit écran avec l’agent Cooper de Twin Peaks ! David Duchovny et Gillian Anderson, deux personnalités que tout oppose ! Lui, paranoïaque et porté sur le surnaturel ; elle, cartésienne et rationnelle à l’extrême !
X-Files, ce sont ces affaires non classées, teintées de mystère que ces deux agents tenteront de résoudre au fil de onze saisons et deux films ! Mais X-Files est avant tout l’histoire d’une série culte, reflet d’une défiance vis-à-vis des gouvernements et des complexes militaro-industriels, défiance qui n’a cessé de grandir avec le temps ! À l’ère des lanceurs d’alerte, des fakes news et des réseaux sociaux, il n’a jamais été autant répété que la vérité est ailleurs !
Croyez-vous à l'existence des extraterrestres, agent Scully ?
X-Files c'est tout d'abord une série que l'on a découvert un dimanche à 18h sur M6. L'histoire de deux enquêteurs du FBI lancés sur des histoires non classées. Tout d'un coup, une série télévisée sonne comme un complément au JT…
Le titre français a souvent été critiqué : X-Files, aux frontières du réel, mais pour moi cela fonctionnait bien car j'avais l'impression d'entrer en Amérique, sans savoir si ce que je regardais était complètement vrai ou complètement "fake".
– Benoît Lagane
Le créateur de la série, Chris Carter, était fasciné par ces histoires d'Américains qui auraient été enlevés par des extraterrestres et de Kolchak : The Night Stalker, une courte série télé américaine (1974-1975) sur un enquêteur du paranormal, et le film complotiste Les Trois Jours du Condor (1975).
Et X-Files débarque dans les années 1990, où il y a déjà toute une culture qui joue sur les peurs et les questionnements, avec cette idée de fin de siècle, de peur de la fin du monde. Une culture qui a nourrit toute une génération de cinéastes : Steven pielberg, Joe Dante... des cinéastes qui vont faire ensuite des films avec des petits extraterrestres. Le cadre est donc idéal pour l'arrivée d'X-Files sur le petit écran.
X-Files passait son temps à faire allusion aux extraterrestres, sans jamais les montrer... évoquer des théories du complot, sans jamais nous donner de réponse sur la question. Le concept de la série était de suggérer des choses. Et l'un des grands “gimmicks” était que les deux personnage fassent chou blanc à la fin de l'épisode.
C'est l'enjeu même du fantastique : jouer avec le réalisme, monde réel qui est le nôtre, et dans lequel il y a des choses qui vacillent et dont on ne peut déterminer de manière précise du côté de la normalité ou de l'anormalité. C'est tout l'enjeu de ces séries fantastiques et de ce jeu avec le public qui va reconnaîre des choses de son monde et qui va lui-même projeter dans son monde des processus vu à l'antenne.
– Séverine Barthes
Il y a une grande dimension conspirationniste dans X-Files... avec cette idée que le gouvernement nous cacherait des choses... La série montre souvent que l'ennemi vient de l'intérieur. Au moment de la diffusion de la série, les médias la critiquaient comme étant la série qui a lancé une grande ère de suspicion généralisée... Mais en définitive X-Files a plutôt été la caisse de résonance de quelque chose qui existait déjà.
The X-Files : "I want to believe"
Les deux héros de la série occupent tous deux, des positions très fortes : l'agent Fox Mulder, le croyant (dans le paranormal), l'irrationnel... et l'agent Dana Scully, la scientifique, la rationnelle... Au fur et à mesure, chacun va marcher vers l'autre, mais Scully reste un personnage extrêmement fort. Son personnage a d'ailleurs été très inspiré par celui de Clarice Starling, dans Le Silence des Agneaux, réalisé par Jonathan Demme en1988.
Le personnage Scully est très marquant car c'est un personnage féminin mais également scientifique, rationnel. Féminin, mais ne se définissant ni par la maternité ni par ses relations amoureuses. Un archétype de personnage qui reste encore rafraîchissant et peu courant aujourd'hui.
[ + ] pour aller plus loin
- Le documentaire de Thomas Wachnicki : X-Philes, ils voulaient croire
- son site : La Vérité Est Ici, le premier site français sur X-Files
- et le spectacle de Benoît Lagane : Le Conteur Cathodique
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