

Avant d’être romancière, traductrice et Académicienne, le monde entier l'a découverte sous les traits de Jeanne d'Arc dans le film de Robert Bresson ! Florence Delay est l'invitée d'Augustin Trapenard.
Il n’y a pas de cheval sur le chemin de Damas, son nouveau livre, sort vendredi. C’est une promenade pleine de fantaisie, dans un entrelacs de fables aux fondements de l’imaginaire chrétien. Une célébration, surtout, des pouvoirs des contes. Florence Delay est dans Boomerang.
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Extraits de l'entretien
Florence Delay : "Le théâtre est un monde où les rôles ne sont pas donnés. Aujourd’hui, on ne nous propose pas de rôle mais une simple vie."
"Je me sens impuissante face à la marche du monde et la guerre. C’est absurde, mais j’aimerais avoir le pouvoir de ne pas être condamnée à la solitude."
"Je respecte beaucoup l’insuccès. Nous avançons autant par nos échecs que par nos réussites."
"Le théâtre, c’est être autre. Et il a assurément une portée politique : on nous divise tout le temps, on nous assigne à des places, mais il faudrait grâce à lui nous unir et nous donner des missions."
"La douceur du langage de France m’a guidée toute ma vie. C’est ce langage que je défendrai politiquement, ce langage qui a été oublié par tous nos candidats politiques."
"Il faut savoir aimer ce qui ne nous ressemble pas. Michel Tournier disait toujours : "Ce roman est intéressant, mais je ne l’aurais pas écrit ainsi." C’est là le formidable de la littérature : que tout soit écrit autrement."
"Il faut choisir la joie car elle n'est jamais donnée. Il faut la choisir, la travailler, la cultiver et la donner. Je respecte la mélancolie et le mal triste de la mort, mais je place avant tout la joie, sa quête et son don."
"La rêverie est une forme de liberté. Ne l’abandonnons pas."
Carte blanche
Pour sa carte blanche Florence Delay a écrit un texte sur la disparition de la rêverie.
"La rêverie en voie de disparition
De plus en plus je m’inquiète pour elle, la rêverie. Elle est chose fragile et le monde entier la menace. Comment survivrait-elle bombardée par des milliards d’images venues d’ailleurs ?
Notre regard est incessamment cadré, fixé, par les écrans, les tablettes, il ne sait plus vagabonder.
L’écoute en boucle des informations générales nous prive du chuchotement de la vie particulière, cette petite voix en nous qui aimerait tant qu’on se promène ensemble en quittant les chemins battus, rêvant aux choses irréalisables soudain mises à notre portée. Les poétes l’ont chérie car elle a souvent précédé leurs poèmes
(le foyer, la lueur étroite de la lampe la rêverie avec le doigt contre la tempe) mais celle dont je parle n’a d’autre but qu’elle-même, c’est un bien propre à chacun, cadeau de l’esprit à nos sens ou l’inverse.
Elle peut suivre un passant, une passante, une ombre, un son, l’eau sous les ponts, l’oiseau qui s’envole, une bûche qui brûle dans la cheminée, une couleur qui nous emmène loin, très loin. Comme il est bon de s’asseoir sur un banc — hélas, eux aussi en voie de disparition — et découvrir en regardant le ciel, dans les nuages, les merveilleux nuages, nos plus secrets désirs.
Les rêveries du jour ne se peuvent comparer aux rêves de la nuit. Elles sont choses légères, involontaires et le plus souvent heureuses.
Les premiers sens du mot, apparu au XII è siècle, dérivé de rêver, ont disparu : rêverie a signifié délire, puis méditation. C’est avec les Romantiques et Jean-Jacques Rousseau qu’il a rejoint l’imagination, le vagabondage des pensées, l’envolée des sensations.
Dans ses Rêveries d’un promeneur solitaire Rousseau tient le registre des rêveries qui remplissent ses promenades quand il laisse sa tête entièrement libre et ses « idées suivre leur pente sans résistance et sans peine. »
Alors il se sent soi, pleinement à soi. La rêverie est une forme de liberté. Ne l’abandonnons pas."
Programmation musicale
- BARBARA – DU BOUT DES LEVRES
- OLIVER SIM – ROMANCE WITH A MEMORY
Programmation musicale
- 09h29
Du bout des lèvres - 09h37
Romance with a memory Oliver SimRomance with a memoryAlbum Romance with a memory (2022)Label YOUNG / BEGGARS
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