Chékéba Hachemi avec les Afghanes

Chékéba Hachemi, Fondatrice et présidente de l'association Afghanistan Libre le 26 août 2021
Chékéba Hachemi, Fondatrice et présidente de l'association Afghanistan Libre le 26 août 2021 ©Maxppp - Luc Nobout
Chékéba Hachemi, Fondatrice et présidente de l'association Afghanistan Libre le 26 août 2021 ©Maxppp - Luc Nobout
Chékéba Hachemi, Fondatrice et présidente de l'association Afghanistan Libre le 26 août 2021 ©Maxppp - Luc Nobout
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Fondatrice de l’association Afghanistan Libre qui œuvre depuis 25 ans pour que les femmes afghanes accèdent aux droits fondamentaux, ancienne diplomate, sa volonté inébranlable lui a valu le surnom de « L’insolente de Kaboul ». Chékéba Hachemi est l'invitée d'Augustin Trapenard.

Avec

Près de  deux mois après le retour des Talibans au pouvoir et le retrait des troupes américaines, elle vient nous parler de la situation des femmes, qui sont au cœur de cette crise interminable. Chékéba Hachemi est dans Boomerang. 

Extraits de l'émission

"Quand les Russes sont partis d’Afghanistan dans les années 1980, la première question était de savoir si la speakerine à la télé allait porter un foulard ou pas. Dès qu’il y a un changement de régime, on s’attaque toujours au statut des femmes."

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"On n'a pu rapatrier personne, pas même ceux qui travaillaient pour nos ONG depuis plus de vingt ans."

L'invité de 8h20 : le grand entretien
23 min

"Je dis au président Emmanuel Macron : ‘quand est-ce qu’on aura une vraie politique étrangère européenne ?’ Il y a des valeurs universelles, il faut arrêter de prendre l’excuse de l’ingérence. Nous avons besoin que l'Europe prenne ses responsabilités en Afghanistan"

"Ma génération n’a connu que la guerre, pendant 45 ans"

"La semaine dernière, j’étais en ligne avec Nouria dans les rues de Kaboul. Quand je lui ai dit de rentrer chez elle à cause des tirs, elle m’a répondu: ‘de toute façon, tu nous as poussé pendant 10 ans à nous battre, on n’arrête pas maintenant"  

Carte blanche

Pour sa carte blanche Chékéba Hachemi a écrit un texte inédit : 

"Lorsque j’étais enfant, à Kaboul, pendant l’occupation soviétique, ma mère a pris la décision de fuir l’Afghanistan car j’étais trop douée à l’école.  

J’avais en effet été sélectionnée pour partir en Russie suivre la suite de ma scolarité.  

Je me souviens encore de mes livres de classe abandonnés dans le salon, ouverts sur une leçon, pour faire croire aux soldats que nous n’étions pas loin. Je me souviens aussi de ce passeur hostile, menaçant, haineux et ignorant quand je me suis retrouvée seule, à 11 ans, pour traverser les montagnes à pieds.  

Quand bien des années plus tard, je suis revenue dans mon pays, c’était pour soutenir le commandant Massoud, qui détenait la vallée libre de l’Afghanistan et de me battre pour que les femmes Afghanes aient un avenir. Un avenir autre que celui d’être enfermées entre quatre murs, enfermées aussi dans leur ignorance, imposée.

Lorsque les talibans ont fui, j’ai cru en notre victoire.  

Et j’ai développé pendant vingt ans des programmes d’éducation des jeunes filles, parce que, pétrie de culture française, je croyais que le savoir les protégerait et les libérerait.  

Aujourd’hui, Shila, Leila, Romila, Fowzia, Nouria… qui sont des mères, des filles, des sœurs, des tantes… qui sont étudiantes, enseignantes, sages-femmes, codeuses, journalistes, juges et bien plus encore, savent que je leur ai menti.  

Que nous leur avons menti.  

La culture les a ouverts sur le monde et le monde les abandonne à un enfermement d’autant plus terrible qu’elles ont connu la liberté et cru en leurs possibilités pour elles et pour leurs enfants.

Et elles savent désormais qu’elles devront se battre seules, que personne ne viendra à leur aide.  

Se battre avec leurs armes et leur volonté, avec leur courage et leurs connaissances. 

Elles le feront. Et je continuerai à les aider autant que je le peux, ces vraies héroïnes."

Programmation musicale 

  • NENEH CHERRY - WOMAN
  • EMILY LOIZEAU - RENVERSÉ