Se souvenir avec Gauvain Sers

Gauvain Sers en concert aux Francofolies de La Rochelle en 2017
Gauvain Sers en concert aux Francofolies de La Rochelle en 2017 ©AFP - XAVIER LEOTY
Gauvain Sers en concert aux Francofolies de La Rochelle en 2017 ©AFP - XAVIER LEOTY
Gauvain Sers en concert aux Francofolies de La Rochelle en 2017 ©AFP - XAVIER LEOTY
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Héritier d’une chanson réaliste et épurée, il s’est fait connaitre il y a quatre ans, avec sa casquette et sa guitare, et depuis enchaine les albums et les concerts. Gauvain Sers est l'invité d'Augustin Trapenard.

En aout dernier, il faisait paraitre son troisième disque, Ta place dans ce monde et poursuit actuellement sa tournée dans toute la France. Gauvain Sers est dans Boomerang.

Extraits de l'entretien

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"Les chanteurs ne sont plus très nombreux aujourd'hui à raconter des histoires avec un mélange de social et d’intime. Mais ils peuvent encore avoir ce rôle d’éveiller les gens au monde, d’éveiller leurs consciences.

"Dans la vie, je ne suis pas le plus bavard. Quand on écrit, on a le droit de raturer, de recommencer. C’est la force des mots: pouvoir se cacher derrière eux."

"Ce qui me terrorise, c'est de figer une chanson sur un album, que les gens se sentent trahis si je change une note par rapport à cette version. Les chansons ont toujours une seconde vie, elles appartiennent à ceux qui les font vivre."

Carte blanche

Pour sa carte blanche, Gauvain Sers a écrit une chanson inédite.

"Monsieur le président, je prends la plume aujourd'hui, comme l'ont fait Boris Vian et Renaud après lui, j'ai l'espoir qu'une lettre sera peut être lue quand le bruit sous vos fenêtres vous ne l'entendez plus.

Monsieur le président, seriez-vous dur d'oreille pour bafouer si longtemps un boucan sans pareil ? C'est le peuple qui gronde, qui occupe vos boulevards pendant que la bête immonde se rapproche du pouvoir.

Monsieur le président, je ne viens pas en guerre. Déserteur également, mais surtout en colère quand fleurit l'injustice, des propos indécent, quand on voit la police cogner des innocents.

Monsieur le président, refusez-vous de voir ce qui vous ont un temps choisi dans l'isoloir ? C'est l'infirmière de garde qui ne compte plus ses pleurs chaque nuit, quand elle regarde l'hôpital qui se meurt.

Monsieur le président, admirez les banderoles aux bras des enseignants qui se saignent à l'école. Qu'y a-t-il de plus beau qu'un gamin qui apprend, qui monte sur l'escabeau pour devenir plus grand ?

Monsieur le président, si j'ose ces quelques vers peut-être impertinents, c'est qu'on marche de travers. Oubliez l'arrogance au fond de votre planque, on ne dirige pas la France comme on dirige une banque.

Monsieur le président remarquez ceux qui plongent : ouvriers, artisans tour à tour jettent l'éponge et les rires en pagaille, ils ne résonnent plus quand une usine se taille, quand un père s'est pendu.

Monsieur le président, notre belle maison brûle. Il est fini le temps des magouilles, des calculs. Admirez nos montagnes, l'océan, les oiseaux. Il est temps que l'on soigne la terre de nos marmots.

Monsieur le Président, et sauf votre respect, vous offensez grandement votre poste au sommet. Il faut être à la hauteur du berceau des Lumières, des poètes, des auteurs, des femmes qui se libèrent.

Monsieur le président, tout en haut de l'échelle, je vous l'accorde pourtant, la vue doit être belle, mais descendez d'un cran et mesurez la peine de millions de braves gens que vos lois ne comprennent.

Monsieur le président, passez-moi les menottes, faites-moi taire sur le champ, interrogez mes potes, je ne fais que chanter la résistance, la vie, l'amour, la liberté que le monde nous envie.

Monsieur le président. Peut-être m'avez-vous lu ? Vous n'avez guère le temps. Et d'ailleurs, moi non plus, j'ai le cœur à combattre l'absurdité humaine, armé d'une feuille A4. Alors à une prochaine…"

Programmation musicale

  • GAUVAIN SERS - SENTIMENT ETRANGE