Le point Karine Tuil

Karine Tuil à la réception du Prix Interallié pour  "Les choses humaines" à Paris le 13 novembre 2019
Karine Tuil à la réception du Prix Interallié pour  "Les choses humaines" à Paris le 13 novembre 2019 ©AFP - Martin BUREAU
Karine Tuil à la réception du Prix Interallié pour "Les choses humaines" à Paris le 13 novembre 2019 ©AFP - Martin BUREAU
Karine Tuil à la réception du Prix Interallié pour "Les choses humaines" à Paris le 13 novembre 2019 ©AFP - Martin BUREAU
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Son dernier roman "Les Choses Humaines" a remporté le prix Interallié et le Goncourt des Lycéens, faisant d'elle la seule femme a avoir été distinguée, cette année, par les grands prix de la rentrée littéraire. Elle raconte une histoire de violence et de faux-semblants. Karine Tuil est l'invitée d'Augustin Trapenard.

Avec

Cette année, elle est l'exception féminine de la rentrée littéraire.

Son livre, Les Choses Humaines, a remporté le prix Interrallié et le Goncourt des Lycéens. Elle raconte l'histoire d'un scandale qui fait voler en éclat les apparences.

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On parle de femmes, de féminicides, d'exception, de désir, avec Karine Tuil, invitée de Boomerang.

Extraits de l'émission

"Nous ne sommes qu'au début de la révolution féministe" 

"La zone grise existe-elle vraiment ? L'accusé est souvent dans le déni et n'a pas envie de se voir comme un agresseur. La victime, elle, est souvent dans un tel état de peur qu'elle ne peut pas se défendre et dire non."  

"Nous sommes dans une société de plus en plus binaire, évoluant vers une forme de pensée unique et politiquement correcte. (...) La littérature est peut-être aujourd'hui le lieu qui permet la meilleure intelligibilité de la société"

"Le tribunal est le spectacle de la condition humaine" 

"Le tribunal médiatique ne doit pas se substituer à la justice" 

"J'ai été élevée dans une famille juive émigrée d'Afrique du Nord. Alors, on me disait qu'il ne fallait pas déranger. Aujourd'hui, je me demande si la littérature n'est pas un moyen pour moi de déranger, d'occuper ma place" 

"Je ne veux pas m'interdire d'aller voir un tableau ou un film parce que son auteur aurait fait telle ou telle chose. L'œuvre continue d'exister indépendamment sans pour autant légitimer la personne."

Carte blanche

Karine Tuil a écrit un texte inédit qui parle de la place et de la reconnaissance des femmes en littérature :

« Cette année, sur les cinq grands prix littéraires, j'étais la seule femme primée et je voudrais évoquer mes talentueuses consœurs qui, elles, n'ont rien eu. La veille de la remise du prix Interallié, Libération avait écrit ceci : « en 2019, le prix littéraire est décerné à un homme ». Les réseaux sociaux commençaient à s'en émouvoir. J'entendais le mécontentement, mais je reconnaissais aussi que c'étaient de bons choix, des auteurs dont j'aimais l'œuvre et qui méritaient d'être récompensés. Pourtant, je l'avoue, j'étais moi-même lassée de devoir prouver ma légitimité, comme tant d'autres auteures femmes au XXIe siècle, précisait l'article de Libération : « La parité était arrivée trois fois en 2002, 2013 et 2016 ». Pour le prix Interallié, composé d'un jury essentiellement masculin, on comptait neuf gagnantes pour 76 gagnants. C'est d'ailleurs l'une des premières choses que j'ai dites en arrivant chez Lasserre. Vous consacrez rarement les femmes et on a tous ri alors que c'est une triste réalité. Ils m'ont pourtant assuré : « On ne vous a pas choisi parce que vous étiez une femme, mais pour la qualité de votre livre ». Soit. Mais alors, pourquoi les femmes sont-elles si peu récompensées ? Elles publient autant que les hommes. Elles ont des œuvres fortes. Elles sont portées par un succès critique et public. Et elles aimeraient, elles aussi, au moins momentanément, échapper à la précarité qui les menace. Il ne s'agit pas de nous ériger en victimes, ni d'exiger une parité artificielle en instaurant des quotas mais, à talent égal, nous refusons d'être écartées, disqualifiées et mises hors-jeu. Les femmes qui écrivent veulent vivre de leur travail. Elles veulent leur place, leur représentation et leur consécration. Elles veulent que leurs œuvres soient inscrites dans notre patrimoine littéraire. Nous sommes dans l'ère de la combativité et il est temps, tous ensemble, de changer les codes culturels, nos archaïsmes, nos vieux réflexes. La société y est prête ».

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