Le chanteur est décédé le 25 mai 2023. En près de quarante-cinq ans de carrière et une vingtaine de disques, chaque album était pour lui l’occasion d’une renaissance. En 2018, c'est en italien, qu’il se réinventait alors dans "Il Francese".
- Jean-Louis Murat Auteur-compositeur-interprète français
Il n'est pas seulement qui ne mâche pas ses mots quand il s'agit de chanson française, il est aussi celui qui se réinvente à chaque album. On parle de Kendrick Lamar, d'Auvergne, d'Italie et poésie avec Jean-Louis Murat, invité d'Augustin Trapenard.
Une définition du rock’n roll
Quand Augustin Trapenard demande à Jean-Louis Murat de définir cette musique, le chanteur n’hésite pas : « Le rock, c’est une musique de black américains piquée par les Anglais, et qui essaie de nous snober. Au fin fond de l'Auvergne, je l'ai très longtemps sentie comme ça. Les Français sont en état de revanche vis-à-vis d’elle. Dans tous les cas, je me situe un peu comme ça. J'adore dire que 60 % des mots anglais sont des mots français. J'essaie de récupérer la langue anglaise parce que le rock, c'est son triomphe. C'est quasiment impossible de chanter du rock lorsqu’on est d’expression anglaise. »
Un esprit critique
Pour Jean-Louis Murat, son esprit direct tient à ses origines : « C'est une façon auvergnate aussi de faire. Comme on a toujours autre chose à faire, on abrège les conversations. Je me rends bien compte que j'ai ce côté-là d'abréger. Donc c'est réglé en trois phrases. C’est peut-être une certaine forme de résistance, mais surtout de la timidité. Je sors souvent la sulfateuse très rapidement pour apaiser l'angoisse. »
Fan de Kendrick Lamar
Jean-Louis Murat : « Ce que j’aime dans la musique, c’est quand le corps ne peut pas résister, qu’il se met à danser… J’apprécie beaucoup Kendrick Lamar. C'est un enfant surdoué. Je l’ai vu sur scène, ce n'est pas terrible. Mais le rap sur scène, l’est rarement. Kendrick Lamar a une vie intérieure et il est extrêmement intéressant. C'est un personnage de roman. Il m'a redonné goût à la musique par son intransigeance sur le message qu'il veut faire passer. Et il a un esprit synthétique que j'envie. Il peut travailler à peu près avec toutes sortes de gens. Et c'est toujours du Kendrick Lamar à la fin. Et moi, j'aime bien travailler avec d’autres et qu’à la fin, ça soit toujours du Murat. Je me sens très, très proche de lui. Je n’ai pas senti pareille émotion depuis Dylan qui chante depuis longtemps. La plus grande marque de talent, c'est la longévité. J'aime les artistes qui vont jusqu'au bout. Je n’aime pas quand les artistes s’arrêtent. La longévité des bluesmen est une leçon de vie pour moi. »
La chanson française
À part Mylène Farmer pour laquelle il éprouve de l’amour, pour lui, le milieu est peuplé de dinosaures… Mais comment fait-on pour se renouveler ? « Le plus délicat, est de passer par la case « Tout ce que j'ai fait, c'est laid et je ne vaux vraiment plus rien ». Il faut vraiment aller tout au fond jusqu’à ne plus avoir confiance en soi pour se raccrocher aux branches. Plutôt que de virevolter et de passer de branche en branche, il faut surtout avoir la force de caractère de descendre bien au fond et d'être bien rien du tout au point de renier ce qu'on a fait. »
Un déplacement du regard
Avec Il francese, Jean-Louis Murat proposait un regard extérieur : « J’en avais besoin pour mieux comprendre quel genre de Français, je suis et répondre à quelques questions : « Qu'est-ce que je chante ? Est-ce que c'est utile ? Est-ce que je suis un chanteur utile ? Est-ce que je suis utile à moi-même ? Est-ce que je suis à la société ? Comment est-ce que je peux régénérer mon envie de bien faire ?... »
La suite est à écouter...
Carte blanche
Pour sa carte blanche, Jean-Louis Murat a choisi de reprendre une chanson de Anne Sylvestre, "Un mur pour pleurer".
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Programmation musicale :
- Jean-Louis Murat – "Ciné Vox"
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