Ils nous avaient proposé en 2017, les coulisses de Matignon avec Désintégration. Avec La Cage aux cons, Robin Recht et Matthieu Angotti font le grand écart. Adaptation d'un polar de Franz Bartelt, Le Jardin du Bossu dont la morale pourrait être : on est toujours le con de quelqu'un.
Qu'est-ce qu'un con ? Le Larousse dit que c'est quelqu'un de stupide, un imbécile, un idiot. L'homme sanglé sur une chaise, en couverture de cet album, est-il donc l'un des cons du titre de cette BD La Cage aux cons ? Le bonhomme est bedonnant. Il porte un débardeur marinière qui laisse s'exprimer son caractère velu, une moustache fer à cheval. Il fronce les sourcils. On dirait plus une victime qu'un con.
Ecoute moi gros naze ! Tu ramènes du pognon, tu rentres à la maison. T'en ramènes pas, jamais tu remets les pieds ici !
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Mais vu comment le traite sa femme, on tient le premier con. Notre con n'a pas nom, ni de prénom. Il se fait le narrateur de son histoire. Chez lui, il n'y a plus un rond. Mais le pognon, il s'en fout. Il dit être de gauche, humaniste. Mais comme il aime Karine, sa femme, qui elle, visiblement, aime le pognon, il n'est pas tout à fait contre le fait d'avoir de l'argent. Ce soir là, dans la pénombre d'une impasse, notre con, un brin beauf, quitte le domicile clope au bec, direction le troquet du coin.
Mon pognon je le stocke dans le tiroir de ma salle à manger. Moi j'ai peur de rien !
Ah le con ! Dire à la volée, ivre mort, qu'on a de l'argent et où on le planque. Ca n'est pas bien malin. On tient notre deuxième con. Le premier, notre narrateur, y voit l'opportunité de le voler et de retrouver les bras plein de liasses, sa Karine, qui l'a jeté il y a à peine une heure. Au premier abord, cette histoire ressemble à une récit de poivrots. Mais il n'y a qu'un con dans cette histoire, et c'est le voleur.
Jacques, l'homme qui se vante d'être riche a tout manigancé, pour attirer à lui un vrai con. Un voleur sans envergure dont il va pouvoir se servir. C'est un piège digne de Machiavel. Jacques va séquestrer notre bonhomme à la moustache fer à cheval et assouvir tous ses fantasmes aussi bien domestiques, que théâtraux ou encore sexuels. Jacques est un homme courtois, grande classe, caché par de grande lunettes glacées.
Et notre moustachu, l'aime bien, malgré son flingue et ses accès de colère. Au fil des pages, on entre dans un huis clos un brin pervers, entre le séquestré et son geôlier. Jusqu'où va aller cette cohabitation ? On n'en dira rien. On retiendra seulement que les auteurs de cette bande-dessinée suivent pas à pas, dans le dessin et le scénario, l'ambiance, l'écriture de Franz Bartelt. Dessin noir et blanc, rond, avec un petit côté Tardi. Il y a du Audiard dans la langue de Bartelt. C'est une histoire de faux semblant, de trompe l'oeil.
La Cage aux cons chez Delcourt.
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