

En 2014, Stéphane Lemardelé est appelé par Wim Wenders pour faire le storyboard de son scénario qui deviendra le film "Every Thing Will Be Fine" en 2015. Sa BD est une retranscription de leur collaboration.
L'histoire d'un écrivain dont la voiture percute un jeune garçon qui traversait une route enneigée, c'est le résultat final. La BD de Stéphane Lemardelé elle, est une des coulisses du film. Celle d'un storyboardeur de cinéma qui retranscrit son expérience, ses échanges avec le réalisateur de Paris Texas. Stéphane Lemardelé s'y met en scène avec Wim Wenders et son directeur artistique. Il boit les mots du réalisateur : le tournage sera compliqué en 3D, avec un enfant et surtout, dans le froid mordant du Canada.

Le processus créatif de Wim Wenders
Stéphane Lemardelé dessine la neige, écoute, interroge. A l'intérieur, les plans sont fixes, autour d'une table, avec des tasses qui fument, au restaurant, les bottes dans l'entrée. Parfois des photos d'anciens films de Wim Wenders apparaissent, des captures d'écrans de Paris Texas, des Ailes du désir, de son documentaire sur Pina Bauch. Parfois, c'est une superposition, entre les croquis de Wim Wenders, les photos de repérages et le storyboard. C'est même le coeur de ce reportage dessiné.
J'ai été électrisé par Hopper. Pour moi, le cinéma est un prolongement de la peinture

On découvre au début, un Stéphane Lemardelé exalté à l'idée de travailler avec Wenders et puis au fil des planches et de ses questions, c'est le regard du réalisateur sur le cinéma, ses influences qui apparaissent. "J'ai été électrisé par Hopper. J'ai essayé d'avoir une structure identique, simplifier mes plans. Avoir des vues de l'intérieur vers l'extérieur et inversement. Pour moi le cinéma est un prolongement de la peinture." C'est un trésor que livre Stéphane Lemardelé. Il nous ouvre les portes d'un réalisateur complexe. On y apprend par exemple, que Wenders alterne les films avec scénarios et les films improvisés. En 1976, pour Au fil du temps, cas extrême : "Il n'y avait pratiquement qu'une seule page, la première scène." Pour Every thing will be fine, le scénario est ficelé. Stéphane Lemardelé glisse des pans de storyboard qui correspondent au plan près au film. C'est redoutable.
La BD biographie

Souvent la BD se fait biographe. Ainsi Martin Scorsese aux Editions du Rocher, où le réalisateur américain se raconte à la première personne. On y voit un Scorsese enfant avec son père au cinéma et plus vieux. Adulte, on découvre le réalisateur, les scènes de film qu'il réécrit entièrement.

Avec Alice Guy, récit noir et blanc, Catel et Boquet racontent en fiction, la première femme réalisatrice à la fin du XIXème siècle. De la gamine ballotée entre la Suisse, le Chili et la France à la jeune femme frondeuse. Les auteurs décrivent une pionnière.
A sa manière, Stéphane Lemardelé fait lui aussi un portrait de Wim Wenders, mais il décrit surtout, sa démarche artistique, l'importance de la lumière, du décors parfait. Une histoire de cinéma. tout simplement. Le Storyboard de Wim Wenders chez La Boîte de la Bulles.
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